Sénégal : colère sur le campus de Dakar
La tension qui régnait depuis des mois à l’université de Dakar est montée d’un cran, le 14 août, avec la mort d’un étudiant lors d’une intervention musclée des forces de l’ordre.
Bassirou a été tué d’une balle dans la tête alors qu’il tentait de fuir l’assaut de la police sur le campus de l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad), à Dakar, en ébullition depuis plusieurs mois en raison du retard de paiement des bourses universitaires. Le 14 août, Bassirou Faye, 21 ans, était dans sa chambre de la cité U tandis qu’au dehors une nouvelle vague de contestation opposait des étudiants en colère aux forces de l’ordre.
L’étudiant en sciences a quitté sa chambre en catastrophe quand les groupements mobiles d’intervention ont brutalement donné l’assaut, passant de pavillon en pavillon pour en déloger les occupants et saccageant les chambres et le matériel des étudiants. À peine était-il dehors qu’il était abattu d’une balle en pleine tête par un policier. L’opération a fait également plusieurs dizaines de blessés et vingt-sept étudiants ont été placés en garde à vue.
Risque de dérapage prévisible
En mai déjà, des affrontements entre les étudiants de l’Ucad et les forces de l’ordre avaient dégénéré. "Depuis le 21 novembre dernier, le recteur a autorisé la présence de la police de manière permanente dans l’université. Nous réclamons le retour des policiers dans leur caserne", rappelle Seydi Ababacar Ndiaye, le secrétaire général national du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) – majoritaire chez les enseignants.
L’affaire des bourses n’est que le dernier contentieux en date avec l’État.
Face à l’incapacité des autorités à régulariser le versement des bourses universitaires depuis la rentrée 2013, le risque de dérapage était donc prévisible. Mais dans un établissement public en crise depuis de longues années (sureffectifs, réductions budgétaires, augmentation des droits d’inscription, grèves à répétition, réforme contestée…), l’affaire des bourses n’est que le dernier contentieux en date avec l’État.
Au lendemain de ce drame, le collectif des étudiants et le SAES ont décrété une grève illimitée, réclamant comme préalable à toute discussion avec les pouvoirs publics la démission des ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Intérieur. Rentré précipitamment de France, le président Macky Sall a appelé à l’apaisement tout en dénonçant "les forces tapies dans l’ombre" qui auraient attisé les braises de la révolte.
Une allusion transparente à ses opposants du Parti démocratique sénégalais et de Rewmi, qui se sont empressés de recevoir les leaders étudiants et de relayer leurs doléances.
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