Législatives au Sénégal : micmac autour des documents nécessaires pour voter

À quelques jours des élections législatives de ce dimanche 30 juillet, le président Macky Sall a saisi le Conseil constitutionnel pour permettre aux électeurs de voter avec d’autres documents que la seule carte d’identité biométrique. L’opposition – dont une des composantes appelle à manifester aujourd’hui – dénonce un « énième coup de grâce aux acquis démocratiques ».

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Publié le 25 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

À la fois document d’identité, permis de conduire et carte d’électeur, les nouvelles cartes d’identité biométriques s’annonçaient comme une petite révolution dans le quotidien des Sénégalais. Elles allaient également leur permettre de circuler librement au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Seul bémol : environ un tiers d’entre elles n’aurait pas encore été délivré, en raison d’importants retards de livraison, selon les déclarations, hier, d’Abdoulaye Daouda Diallo, ministère sénégalais de l’Intérieur. Or, elles sont indispensables pour aller voter dimanche aux élections, les anciennes cartes étant désormais périmées.

L’opposition accuse Macky Sall de « forfaiture »

Face à l’imbroglio, le président Macky Sall a indiqué lundi qu’il avait saisi le Conseil constitutionnel. Objectif : autoriser les électeurs qui n’auraient pas reçu le nouveau document à voter avec leur ancienne carte d’identité, carte d’électeur, passeport ou permis de conduire. Une décision justifiée selon lui par la nécessité pour chaque Sénégalais « d’accomplir librement son devoir citoyen ».

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Des justifications insuffisantes aux yeux de l’opposition, qui n’a pas tardé à s’engouffrer dans la brèche. Mankoo Taxawu Senegaal (MTS), la coalition ayant pour tête de liste Khalifa Sall, le maire de Dakar actuellement incarcéré en détention préventive dans une affaire concernant la gestion du budget munisipal, a dénoncé dans un communiqué la « forfaiture » du président, accusé d’avoir violé le code électoral. Celle-ci « met en garde le président Macky Sall et le tiendra responsable de toutes conséquences qui découleront de ce coup de force contre notre démocratie ».

Appels à des manifestations ce mardi

De son côté, l’ex-président Abdoulaye Wade, leader de la Coalition gagnante/Wattu Senegaal, a invité « tous les citoyens épris de justice, de liberté et de démocratie » à des manifestations ce mardi 25 juillet, à 15h, heure locale, pour la délivrance des cartes d’électeurs. A Dakar, la manifestation est prévue sur la place de l’Indépendance. D’autres appels ont été lancés pour des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures dans le reste du pays.

Ces retards de livraison interviennent plus d’un an après la commande passée auprès de la société malaisienne Iris Corporation Berhad. D’un montant de 50 milliards de F CFA (76 millions d’euros), ce marché prévoyait la fourniture de 10 millions de pièces d’identité d’ici cinq ans. De quoi, normalement, assurer la bonne tenue des élections cette année.

« Un processus de fabrication rapide »

« Le processus de fabrication des cartes dans les commissions sera rapide, assurait sur son site internet la présidence sénégalaise. Entre le moment où la personne se fait enregistrer dans une commission administrative ou un centre d’instruction de la carte d’identité et le retrait de cette carte biométrique à puce, il se passera environ une quinzaine de jours. »

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Des affirmations qui font désormais rire jaune les électeurs sénégalais. Sur les réseaux sociaux, ces derniers s’en sont donné à cœur joie. Voici un petit florilège des meilleurs tweets.

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