Au Sénégal, les électeurs pourront élire les députés avec leur passeport

Des milliers d’électeurs sénégalais n’ont toujours pas reçu leur nouvelle carte d’identité biométrique, qui doit leur permettre de voter aux élections législatives ce dimanche. Saisi par Macky Sall pour tenter d’étouffer la polémique naissante, le Conseil constitutionnel a accepté mercredi que les électeurs puissent voter avec un autre document d’identité officiel.

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Un bureau de vote à Fatick, au Sénégal, en 2012 . © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

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Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Nul doute que les Sénégalais continueront à en rire sur les réseaux sociaux. Dimanche 30 juillet, ils seront autorisés à aller élire leurs députés avec leur carte d’identité, leur carte d’électeur ou leur passeport, à condition de présenter leur récépissé d’inscription sur les listes électorales.

Cette décision a été approuvée mercredi 26 juillet par le Conseil constitutionnel. Celui-ci avait été saisi deux jours plus tôt par le président Macky Sall, vivement critiqué par l’opposition en raison de l’important retard pris dans la distribution des nouvelles cartes d’identité biométriques, qui font également office de nouvelles cartes d’électeurs. Environ 800 000 de ces cartes ne pourront être fabriquées à temps, sur les plus de 6 millions d’électeurs inscrits. « Il manque des cartes car il y a eu plus d’inscrits que prévu, explique une source à la présidence pour justifier ce retard. Nous avons donc trouvé une solution pour permettre à tous les Sénégalais inscrits sur les listes électorales de pouvoir voter. »

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Critiques virulentes de l’opposition

Face à ce problème de taille, l’opposition est vite montée au créneau. Mardi, l’ex-président Abdoulaye Wade, tête de liste de la Coalition gagnante/Wattu Senegaal, avait appelé ses partisans à une marche dans Dakar pour réclamer la délivrance de leurs cartes d’électeurs. Interdite par les autorités, elle a finalement été rapidement dispersée. Dans un communiqué, la coalition Manko Taxawu Senegaal, menée par le maire de Dakar Khalifa Sall, a pour sa part dénoncé une « forfaiture » et « un coup de force contre notre démocratie ».

Certains opposants estiment aussi que cette absence de dizaines de milliers de cartes biométriques facilitera la fraude aux législatives de dimanche, dernier test électoral avant la présidentielle de 2019. « C’est n’importe quoi, rétorque-t-on dans l’entourage présidentiel. Personne ne pourra voter sans son récépissé d’inscription sur les listes électorales et un des documents officiels autorisés pour prouver son identité. Où est le risque de fraudes ? »

De leur côté, les électeurs sénégalais continuent à patienter durant des heures devant les différents bureaux de la commission électorale nationale autonome (Cena) afin d’obtenir leur précieux sésame avant dimanche. Ceux qui n’auront pas le courage de faire la queue pourront désormais se contenter d’une pièce d’identité classique pour aller voter.

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