Sénégal : la défense de Khalifa Sall, député-maire emprisonné, saisit l’Assemblée nationale

Le cas de Khalifa Sall, député maire de Dakar en détention préventive depuis sept mois, a largement alimenté les débats lors de la rentrée parlementaire sénégalaise, ce jeudi 14 septembre. Le collectif d’avocats qui assure sa défense a saisi, par courrier, les députés pour leur enjoindre de mettre fin à une détention qu’ils qualifient d’ « arbitraire ».

Khalifa Sall, en octobre 2014 à Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Khalifa Sall, en octobre 2014 à Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 15 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

« Sous prétexte de poursuites pour détournement de deniers publics, la détention de M. Khalifa Ababacar Sall, a été maintenue alors que la Constitution prévoit expressément que le député est couvert par l’immunité à compter du début de son mandat qui prend effet dès la proclamation des résultats de l’élection législatives », lit-on dans la lettre adressée jeudi par cinq avocats de Khalifa Sall au président de l’assemblée générale de l’Assemblé nationale. Cette correspondance, que Jeune Afrique a pu se procurer, s’appuie sur la réélection du maire de Dakar à l’issue des élections législatives du 30 juillet, dont les résultats ont été officiellement proclamés le 13 août.

Khalifa Sall a été inculpé de détournements de deniers publics et incarcéré le 8 mars dernier à la maison d’arrêt et de correction de Reubeuss. Un placement en détention préventive qui est intervenu antérieurement à l’élection du 30 juillet dernier, souligne le collectif des avocats de Khalifa Sall, qui dénonce la « violation des dispositions de l’article 61 de la Constitution ».

>>> [Document] Le courrier des avocats à lire ici : LETTRE AU PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE (Accusé de réception)

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« Le peuple, souverain lui a accordé un mandat en parfaite connaissance de cause des poursuites judiciaires », poursuivent les avocats, qui tente par là d’obtenir devant l’Assemblée nationale ce qu’ils tentent depuis plusieurs mois d’obtenir en vain par les voies judiciaires : la remise en liberté du député maire de Dakar.

Le courrier, adressé formellement au président de l’assemblée générale de l’Assemblée nationale, s’adresse en fait à toute la représentation nationale sénégalaise fraîchement élue, qui tenait ce jeudi sa séance inaugurale. Les avocats enjoignent les députés tout juste installés à « faire respecter la loi constitutionnelle, le principe de l’inviolabilité du mandat parlementaire, qui est une protection de l’Assemblée nationale, ainsi que la volonté populaire clairement exprimée ».

Protestations de l’opposition à l’hémicycle

Le Khalifa Sall n’a pu se rendre jeudi à la séance inaugurale de la nouvelle assemblée « malgré son immunité parlementaire », a dénoncé à la tribune de l’hémicycle un député de sa coalition,

La séance inaugurale a aussi été l’occasion pour Cheikh Bamba Dièye, député de la coalition Manko Taxawou Senegaal qui avait choisi Khalifa Sall pour tête de liste, d’amener le sujet jusqu’à la tribune. « En ce jour solennel, le député doit pouvoir élire et être élu. Khalifa Sall n’a aucune possibilité de pouvoir jouir de ces droits », a lancé le député devant un hémicycle pour le moins agité.

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L’absence du député-maire de Dakar est une « violation flagrante » de ses droits, a ajouté Cheikh Bamba Dièye sous les huées de députés de la majorité. Madické Niang, président du groupe des Libéraux, a également regretté l’absence de Khalifa Sall, avant que le président de la séance inaugurale n’interrompe ces débats, au motif qu’ils n’étaient pas réglementaires pendant l’installation des députés.

Hommage à l’ancien ministre  Djibo Leyti Kâ

Lors de cette séance inaugurale, les députés ont également rendu hommage à une figure majeure de la politique sénégalaise, Djibo Leyti Kâ, décédé jeudi à Dakar à l’âge de 69 ans des suites de maladie. Le président Macky Sall a salué un « homme politique de dimension exceptionnelle » qui « a porté jusqu’au bout les rigueurs et les contraintes de l’engagement au service de son pays ».

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« Son nom est intimement lié à notre histoire politique de ces cinquante dernières années », a écrit le chef de l’Etat sur le site de la présidence.

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