Coopération internationale : à 40 ans, Proparco rêve d’une place au centre du jeu
Dotée d’une feuille de mission plus ambitieuse, la filiale de l’Agence française de développement dédiée au secteur privé veut renforcer ses partenariats financiers et stratégiques, en France et au niveau européen.
Plus de 200 invités ont été conviés, le 19 septembre, au Centre Georges Pompidou de Paris, où le Club des investisseurs célébrait les 40 ans de Proparco. L’occasion « de dresser le bilan de l’action de Proparco, mais aussi de regarder vers l’avenir, en nous questionnant sur ce que nous voulons être et devenir », a déclaré Grégory Clemente, son directeur général.
Parmi les participants figurait l’ex-Premier ministre du Bénin Lionel Zinsou, coprésident de la Fondation AfricaFrance, mais aussi le tycoon de l’hôtellerie au Mali Mossadeck Bally, plusieurs représentants du secteur bancaire ivoirien, dont Habib Koné, directeur général d’Atlantic Business International, et Daouda Coulibaly, directeur général de la Société ivoirienne de banque, ainsi que le Tunisien Aziz Mebarek, cofondateur du capital-investisseur panafricain Africinvest-Tuninvest, et Alexandre Maymat, directeur Afrique/Asie/Méditerraniée et outre-mer de Société générale.
Un acteur clé du système de coopération hexagonal
La petite structure au capital de 1,5 million d’euros, créée en 1977 par la Caisse centrale de coopération économique (devenue depuis l’Agence française de développement, l’AFD) pour financer le secteur privé dans les anciennes colonies, est désormais un acteur clé du système de coopération hexagonal. Fin 2016, Proparco comptait 693 millions d’euros de fonds propres, plus de 200 salariés et 450 clients dans 80 pays, du Brésil à l’Afrique du Sud et au Cambodge.
Le rôle de Proparco dans le dispositif de coopération français s’est accru à mesure que la place confiée au secteur privé dans la politique de développement de la France devenait centrale. « Une inflexion visible dès le Forum pour un nouveau modèle économique de partenariat entre l’Afrique et la France, organisée en décembre 2013 à Bercy, réaffirmée par la suite lors du sommet d’Addis-Abeba sur le financement du développement, en 2015 », a rappelé Rémy Rioux, directeur général de l’AFD.
Objectif : tripler le portefeuille de clients
D’ici 2020, Proparco espère doubler ses financements annuels pour atteindre 2 milliards d’euros et tripler son portefeuille de clients. Pour y arriver, elle devra mobiliser jusqu’à 1 milliard d’euros de ressources tierces, notamment en cofinancement auprès des autres institutions européennes de développement, telles que la DEG allemande, le hollandais FMO ou encore le britannique CDC.
Sans remettre en question le principe de « l’aide déliée », le secteur privé français, représenté au centre Pompidou par Pierre Gattaz, patron du Medef, a appelé Proparco et l’AFD à « aller dans le sens d’un soutien plus direct » à la promotion du commerce extérieur français à destination de leurs pays d’intervention. Autrement dit : encourager et aider les entreprises françaises dans leurs projets d’expansion en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
Un appel du pied entendu clairement par Rémy Rioux, premier patron de l’AFD à assister à l’université d’été du Medef, en 2016 et en 2017.
Connecter plus fortement les grands partenaires français
Durant une conférence de presse organisée en marge de la rencontre, l’ancien secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères et du Développement international s’est engagé « à créer plus de liens et à connecter plus fortement les grands partenaires français – ONG, secteur privé, collectivités territoriales – et nos partenaires dans les pays d’intervention ».
Un rôle de « tiers de financement et de confiance » que peuvent jouer les institutions françaises de développement à travers leurs investissements en fonds propres et les garanties accordées aux entreprises des pays du Sud. Sans « privilégier » les groupes français dans les appels d’offres des clients, « rien n’interdit de parler aux entreprises clientes et partenaires des institutions de développement », a souligné Rémy Rioux, rappelant « les avantages comparatifs » des firmes hexagonales, notamment « en termes de qualité, de développement durable, de RSE, de respect des normes ».
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