[Carte] Daesh en Égypte : dans le Sinaï, une wilaya africaine qui inquiète
Une des principales zones d’activité de Daesh dans le monde se situe en Afrique, dans le désert du Sinaï. Dans le nord de la péninsule, Daesh fait sa loi.
« Une des principales wilayas en dehors de l’Asie ». C’est ainsi que plusieurs analystes parlent de la wilaya de Daesh au Sinaï. Alors que le groupe terroriste perd du terrain en Syrie et en Irak, il ne cesse de se montrer plus actif dans le désert égyptien, où l’armée nationale accuse de lourdes pertes.
Là, dans le sud du désert principalement, des cadres jihadistes palestiniens chassés de la bande de Gaza par un Hamas intraitable nouent des relations avec des terroristes égyptiens mais aussi avec des jeunes « désœuvrés, dans une région où le chômage frappe fort, et qui sont issus de tribus très conservatrices », selon les mots d’un observateur égyptien.
Daesh monte également de véritables checkpoints sur les routes du désert égyptien
On ne sait pas de combien de partisans l’organisation terroriste dispose dans la région – plusieurs sources parlent d’un groupe fluctuant d’environ 1 500 hommes, sympathisants, relais ou militants. La plupart des analystes considèrent que l’insurrection a débuté en 2012. Elle a dans un premier temps été dirigée contre Israël. Mais dès l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah Al Sissi, elle s’est mise à cibler les forces armées égyptiennes. Elle est menée par Ansar Bayt al Maqdis – les Partisans de Jérusalem – qui en novembre 2014 prête allégeance à Daesh et dont le leader semble être un certain Abu Oussama Al Masri, quadragénaire originaire de la région qui aurait séjourné en Syrie.
Une présence ostensible et mise en scène
Le 11 septembre dernier, Daesh revendique une attaque contre un poste militaire égyptien. Bilan : dix-huit soldats tués. Et au moins autant de blessés. Plusieurs véhicules militaires sont détruits. Deux jours plus tard, deux soldats sont tués dans un accrochage après un assaut raté des combattants contre un checkpoint. Le plus souvent, l’organisation opte pour des attaques au véhicule piégé, mais il arrive qu’elle fasse assassiner des soldats ou des policiers par ses snipers et tire au mortier sur des bâtiments administratifs. Et Daesh ne se contente pas d’opérations à mi-chemin entre l’attentat et l’opération militaire classique. L’organisation monte également de véritables checkpoints sur les routes du désert égyptien. Ainsi, elle tente même de prouver qu’elle « tient » la région.
Il n’est pas rare que la wilaya du Sinaï communique sur des destructions de cigarettes, des opérations de représailles à l’encontre des tribus qui collaborent avec les forces de l’ordre – notamment la fameuse tribu Tarabin -, et même quelques destructions de mausolées considérés comme contrevenants à l’orthodoxie qu’elle prône. L’organisation se vante moins de ses prélèvements sur les divers trafics et sur les convois qui traversent la péninsule, une méthode assimilable à du racket.
En 2016, Daesh a été jusqu’à enlever des religieux soufis pendant plusieurs heures, mettant en scène une sorte de séance de rééducation religieuse à leur intention. A Al-Arish, durant l’année 2017, l’organisation mène des assassinats et des actions à l’encontre de la communauté copte. Ces dernières semaines, des témoins affirment même avoir vu des jihadistes mener des sortes de patrouilles à pieds dans la banlieue de la ville, censé être un calme lieu de villégiature. La plupart des coptes ont fui la ville.
[Carte] Sinaï égyptien : le bilan des attaques de Daesh en 2017
La carte ci-dessus n’est pas exhaustive : les attaques sont trop régulières pour être toutes recensées avec précision. Elle donne néanmoins une idée de l’intensité du conflit depuis le début de l’année 2017.
L’armée bombarde
L’armée égyptienne, devant les progrès de l’organisation terroriste, ne s’en tient plus à des opérations au sol. Des avions de chasse F-16 et des hélicoptères CH – 46 Chinoo survolent maintenant l’étendue désertique pour pilonner les positions de l’organisation, au risque de s’aliéner certaines tribus.
Depuis juillet 2013, plusieurs centaines de membres des forces de sécurité ont été tués par des attaques terroristes dans la péninsule, à en croire le Tahrir Institute for Middle East Policy. Pas loin d’une centaine seraient décédés en 2017. Plus de 1 500 combattants auraient trouvé la mort en face.
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