Niger : les autorités mettent en garde les commerçants « complices » de Boko Haram
A Diffa, dans le sud-est du Niger, les autorités ont lancé une dernière mise en garde contre les commerçants qui fournissent clandestinement des vivres au groupe islamiste nigérian Boko Haram.
« Nous avons constaté que de plus en plus de gens sont en train d’entretenir le commerce avec notre ennemi qui est Boko Haram, a déclaré Mahamadou Laoualy Dandano, le gouverneur de Diffa, dans le sud-est du Niger. Nous avons pris la décision qu’à partir d’aujourd’hui, il va falloir arrêter cela ».
« Nous leur avons clairement expliqué qu’il n’y a pas de différence entre un élément de Boko Haram et quelqu’un qui fait du commerce avec Boko Haram, a poursuivi le gouverneur. Le message est passé : dorénavant, le même traitement infligé à Boko Haram sera réservé à ceux qui commercent avec lui».
D’après la télévision nigérienne, l’ampleur des échanges avec les jihadistes risque de compromettre tous les efforts consentis dans la lutte contre Boko Haram. « Des gens ont été formellement identifiés, mais on leur laisse une dernière chance pour se ressaisir », selon un élu local.
Commerçants au bord de la ruine
Pour contenir les attaques incessantes et les infiltrations des insurgés nigérians, Niamey a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu à Diffa. Les autorités ont évacué des zones sur le lac Tchad, interdit le commerce du poisson et des poivrons, fermé des marchés. Les ventes de carburant et d’engrais sont aussi soumises à des autorisations préalables.
Les membres de Boko Haram profitaient des marchés pour s’infiltrer au Niger ou pour revendre les animaux volés, selon un élu local. Mais des commerçants, au bord de la ruine, réussissent à contourner ces mesures pour ravitailler les islamistes nigérians basés de l’autre côté de la frontière.
L’astuce consiste à stocker des vivres dans la broussaille, tout près de la frontière. La nuit, les éléments de Boko Haram viennent les chercher en déposant de l’argent au même endroit.
Diffa abrite quelque 300 000 réfugiés et déplacés, dont des milliers vivent au milieu d’une population locale déjà très pauvre, selon l’ONU qui demande à la communauté internationale d’accroître son soutien financier.
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