Égypte – France : Abdel Fattah al-Sissi à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi rencontrera Emmanuel Macron ce mardi à Paris dans le cadre d’une visite de trois jours. Les ONG montent au créneau.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’adressant au Parlement au Caire, le 13 février 2016. © AP/SIPA

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’adressant au Parlement au Caire, le 13 février 2016. © AP/SIPA

Publié le 24 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

La visite en France du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, dénoncé pour son bilan « catastrophique » en matière de droits de l’homme par nombre d’ONG, est considérée par ces dernières comme un test crucial pour Emmanuel Macron, sommé de mettre fin à la « scandaleuse tolérance » de Paris envers le Caire.

Sissi effectue à partir de lundi 23 octobre une visite officielle de trois jours et rencontrera pour la première fois mardi à l’Elysée Emmanuel Macron depuis qu’il a été élu président.

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La France, qui entretient d’excellentes relations commerciales et sécuritaires avec l’Égypte, vue comme un « rempart » contre le terrorisme dans une région en constante ébullition, a promis que la situation en matière de droits de l’homme serait abordée dans cet entretien.

Mais plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, Amnesty International, la FIDH et Reporters sans frontières ont souligné que l’Égypte connaît « la pire crise des droits humains depuis des décennies » et réclamé à la France des signes concrets pour mettre fin à son « silence », voire sa « tolérance ».

Un test pour Macron

« Ce sera pour nous un test diplomatique crucial. M. Macron fait des déclarations publiques fortes, des discours vibrants. Maintenant, il est urgent qu’il mette concrètement en actions ses discours », a déclaré la directrice France de HRW, Bénédicte Jeannerod, au cours d’une conférence de presse à Paris lundi. Elle a notamment demandé que le soutien de Paris au gouvernement égyptien soit lié à des améliorations tangibles dans le domaine des droits de l’homme.

« Nous comptons sur vous pour rappeler que la France ne cautionne pas les pratiques répressives de l’Égypte et estime que des réformes significatives en faveur des droits humains, de la démocratie et de la société civile doivent être engagées », ont souligné de leur côté dans une lettre conjointe à Emmanuel Macron les ONG EuroMed Droits, Coordination Sud, FIDH, l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme et RSF.

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Tirs groupés des ONG

Elles appellent Emmanuel Macron à demander au président égyptien « de mettre un terme à la campagne de criminalisation des défenseurs (des droits humains) ».

Depuis 2015, l’Égypte a conclu des contrats d’armement avec la France pour plus de six milliards d’euros, comprenant notamment 24 avions de combat Rafale, une frégate, deux porte-hélicoptères Mistral et des missiles.

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Sissi doit rencontrer des entrepreneurs à l’occasion de sa visite. Il verra aussi des ministres, dont son « ami » Jean-Yves Le Drian, l’actuel chef de la diplomatie, qui a piloté ces ventes d’armes majeures avec le Caire lorsqu’il était ministre de la Défense sous l’ex-président François Hollande.

Dans une interview accordée lundi soir à la chaîne France-24, Sissi a affirmé qu’ »il n y a pas de détenus politiques en Égypte », assurant que tous les détenus sont interrogés et déférés devant les tribunaux selon les procédures judiciaires normales.

Il a également confirmé qu’une « coordination existait » avec la France pour favoriser une solution politique en Libye, pays vers lequel les jihadistes vaincus en Syrie et en Irak « vont bouger », selon lui, de même que vers l’Égypte, le Sinaï et l’Afrique de l’ouest.

Politique de modération

Pour la France, l’Égypte est « l’élément central de la stabilité régionale » et Paris travaille avec « dans un esprit de confiance et d’efficacité », selon un responsable gouvernemental, qui se défend de mettre la question des droits de l’homme sous le boisseau.

La rencontre entre Macron et Sissi « permettra d’évoquer les sujets d’intérêt commun comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme, mais également la situation des droits de l’homme », indiquait la semaine dernière l’Elysée.

Toutefois, Paris revendique aussi la discrétion en la matière : « Si on arrive en leur disant ‘ce n’est pas bien ce que vous faites’, ce n’est pas efficace. Ce qui peut marcher, c’est d’évoquer des cas précis. Il faut être têtu mais discret », selon une source diplomatique.

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