Le jour où Johnny Hallyday a été expulsé du Cameroun pour avoir frappé un ministre centrafricain

Johnny Hallyday est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, des suites d’un cancer des poumons. Personne n’aura pu échapper à la nouvelle. En revanche, peu connaissent l’histoire camerounaise du rockeur français, qui poussa Ahmadou Ahidjo à fustiger « le comportement yéyé ».

Johnny Hallyday, en 1971, lors d’un concert au Palais des Sports, à Paris. © Cardenas/AP/SIPA

Johnny Hallyday, en 1971, lors d’un concert au Palais des Sports, à Paris. © Cardenas/AP/SIPA

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Publié le 6 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Nous sommes en mai 1968. Johnny Hallyday est en Afrique, pour sa troisième tournée sur le continent. Elle doit le mener à Dakar, Niamey, Ouagadougou, Kinshasa, Yaoundé et Fort-Lamy (actuel Ndjamena). Interrogé par une radio française sur l’Afrique, le rockeur répond : « Ça me fait plaisir d’y retourner parce que c’est un beau pays (sic) et puis j’aime le soleil. »

Mais Johnny Hallyday va surtout se retrouver au cœur d’une (em)brouille diplomatique. Il a même les honneurs d’un télégramme diplomatique de l’ambassade de France à Yaoundé, retrouvé par les auteurs du livre « Kamerun ! » dans les archives de Jacques Foccart, chef de la cellule Afrique de l’Élysée, où siège encore pour quelques mois Charles de Gaulle.

Monsieur Smet, dit Johnny Hallyday, chanteur fantaisiste, a causé un esclandre

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Le 10 mai 1968, « Monsieur Smet, dit Johnny Hallyday, chanteur fantaisiste, a causé un esclandre le jour même de son arrivée à Yaoundé. Manifestement pris de boisson, il a déclenché une rixe à l’hôtel de l’Indépendance, au cours de laquelle il a frappé le ministre centrafricain de la Fonction publique qui se trouvait là », écrit un conseiller diplomatique français.

« Je n’en voudrai pas au peuple camerounais »

Johnny Hallyday sera expulsé le jour même. À l’AFP, il livre alors sa version des faits : « Un type que je ne pouvais évidemment pas connaître a dit des choses désagréables à notre sujet, notamment parce que nous avons les cheveux longs. Il m’a bousculé. J’ai protesté. Puis, il m’a empoigné en déchirant mon polo. »

Le rockeur a annulé son concert mais assure : « Je n’en voudrai pas au peuple camerounais. » Fin de l’histoire ? Pas tout à fait.

L’année suivante, en 1969, le président camerounais Ahmadou Ahidjo s’adresse, à Garoua, aux troupes de l’Union nationale camerounaise, qu’il a fondée trois ans plus tôt. Dans un discours exhumé par l’historien Jean-François Bayart, il déclare : « Il n’y a pas de place pour le comportement yéyé. »

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C’est « le signe d’une jeunesse inadaptée, aigrie par le sentiment de son inutilité, de sa non-participation à l’édification de son propre avenir », poursuit-il encore devant les militants du parti unique. Visiblement, « l’idole des jeunes » n’était pas celle du premier président du Cameroun indépendant.

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