Djibouti : l’assurance maladie universelle, c’est pour la fin de l’année
L’assurance maladie universelle, c’est pour la fin de l’année. Les principaux bénéficiaires ? Les catégories les plus vulnérables de la population. Mais gare à la dépense.
L’une des promesses phares du candidat Ismaël Omar Guelleh lors de l’élection présidentielle de 2011 consistait à garantir la santé pour tous et l’accès aux soins de base pour les plus défavorisés. Elle est aujourd’hui en passe de se réaliser.
Le 5 février, le Parlement a voté une loi-cadre portant sur la mise en place d’une assurance maladie universelle (AMU). Censée entrer en vigueur d’ici à la fin de l’année et mise en oeuvre par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), elle devrait changer la vie de centaines de milliers de personnes, aujourd’hui privées de soins ou insuffisamment prises en charge. Une carence qui explique, dans une large mesure, le piètre classement du pays à l’Indice de développement humain (IDH), établi par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), au sein duquel Djibouti pointait, en 2012, au 164e rang sur les 187 pays classés.
"L’AMU comporte deux volets distincts, explique Hana Farah Assoweh, la directrice générale de la CNSS : l’assurance maladie obligatoire (AMO), pour les affiliés [actuellement 70 000 assurés, en grande majorité des fonctionnaires], et le programme d’accès à la santé (PAS), qui s’adresse aux catégories les plus vulnérables de la population et dont les bénéficiaires feront l’objet d’une identification préalable."
"La santé n’a pas de prix mais elle a un coût"
Si les prévisions se confirment, 380 000 personnes seront concernées. Le budget actuel de la CNSS, qui s’élève à 9 milliards de francs djiboutiens (36 millions d’euros), risque donc de ne pas suffire, et une hausse de 2 % des cotisations sociales est déjà prévue pour financer partiellement la réforme. Les bailleurs de fonds internationaux ainsi que l’État verseront leur écot.
"Des conventions ont été passées entre les organismes de soins privés et publics, pendant qu’une grille tarifaire raisonnable des actes est en train d’être arrêtée, précise Hana Farah Assoweh. De même, seuls les médicaments génériques seront remboursés. La santé n’a pas de prix mais elle a un coût. Les dépenses doivent absolument être maîtrisées si l’on souhaite pouvoir pérenniser le système."
Gros plan sur le paludisme
Le gouvernement djiboutien a annoncé fin mai sa décision de débloquer, avec le soutien de la Banque mondiale, 12 millions de dollars (8,8 millions d’euros) pour améliorer la lutte contre les principales maladies qui menacent le pays : le VIH/sida, la malaria et la tuberculose. Trois plans nationaux – un pour chaque pathologie – doivent être rapidement mis sur pied, notamment pour lutter contre le paludisme, en pleine recrudescence.
"Après avoir été sur le point d’éradiquer cette maladie, en 2009, nous constatons, au contraire, un retour de la menace", s’inquiète le docteur Kassim Issak Osman, le ministre de la Santé. Il rappelle d’ailleurs que 2 016 cas ont été recensés à travers le pays depuis le début de cette année. En cause, essentiellement, une urbanisation non maîtrisée et une dégradation des conditions sanitaires dans les quartiers périphériques de la capitale, où s’entassent plus de 25 000 réfugiés, essentiellement somaliens, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
Un programme baptisé "Zéro bidonville" a été présenté en février par le gouvernement pour réaménager les zones autour de la capitale et restructurer les poches d’habitat anarchique. Ce programme, qui vise à améliorer les conditions de vie de la population, devrait également contribuer à réduire les cas de paludisme, que le gouvernement souhaite éliminer d’ici à 2020. Olivier Caslin
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