France : le Conseil présidentiel pour l’Afrique d’Emmanuel Macron se dévoile
Mis sur pied en août dernier pour aiguiller le chef de l’État français sur le continent, le conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) a organisé sa première conférence de presse lundi à Paris pour présenter ses membres et ses objectifs.
Ils sont dix. Dix femmes et hommes trentenaires à cinquantenaires issus de secteurs aussi variés que l’entrepreneuriat social, le sport, ou encore la culture. Africains, Français ou binationaux, tous ont en commun d’être issus de la société civile et de former, depuis fin août, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA). Cet aréopage hétéroclite, chargé de conseiller Emmanuel Macron sur les relations que la France doit tisser avec les pays africains, a tenu le 11 décembre sa première conférence de presse dans un hôtel parisien.
À la tribune, Jules-Armand Aniambossou, coordinateur du CPA, a été le premier à prendre la parole. Ce Franco-Béninois de 54 ans, ex-ambassadeur du Bénin à Paris et aujourd’hui directeur Afrique du groupe Duval, a rencontré Emmanuel Macron à l’École nationale d’administration (ENA) au sein de la promotion Léopold Sédar Senghor (2002-2004).
« Ré-enchanter la relation entre la France et les pays africains »
Face aux journalistes, il a expliqué que son ancien promotionnaire avait souhaité mettre sur pied « une structure avec des gens neufs, aux idées neuves, pour restructurer et ré-enchanter la relation entre la France et les pays africains ».
Présentant ses « camarades » comme des « défricheurs » qui « cochent toutes les cases », Aniambossou a assuré que le CPA avait reçu plusieurs consignes d’Emmanuel Macron : « Éclairer sa vision sur les enjeux franco-africains », « faire des propositions concrètes sur ces enjeux et suivre leur application », et enfin « être un lien permanent avec la jeunesse, la société civile, les entrepreneurs et les femmes » en Afrique.
Dans sa présentation, « JAA » a par ailleurs lourdement insisté sur l’indépendance du CPA. « Nous disons ce que nous pensons, avec une liberté de ton totale », a-t-il souligné.
Depuis septembre, le CPA se retrouve les vendredis matins dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD), à Paris. Son budget de fonctionnement serait par ailleurs en cours d’élaboration et sera « pleinement transparent ». Tous bénévoles, les membres du CPA ont par ailleurs signé une « charte éthique » qui encadre leur action et leur interdit de profiter de leur position pour favoriser leurs intérêts privés.
Discours de Ouaga
Présenté par Karim Sy, le fondateur du réseau Jokkolabs, comme une « grosse innovation institutionnelle », le CPA a déjà commencé à nourrir la réflexion d’Emmanuel Macron. Il a ainsi largement contribué à la conception du « discours à la jeunesse africaine » prononcé par le président français à l’université de Ouagadougou, le 28 novembre.
Lors de cette allocution, Macron a annoncé plusieurs mesures qui lui avaient été soufflées par ses conseillers : allongement de la durée des visas pour les étudiants africains diplômés en France, création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour soutenir les PME africaines, lancement d’une « saison des cultures africaines » en France en 2020…
« Ce discours, puis les échanges qu’il a eu avec les étudiants burkinabè, ont marqué une rupture sur le ton, la forme, et le contenu, estime Jérémy Hajdenberg, directeur général adjoint d’I&P et spécialiste de la microfinance. C’était à la fois osé et audacieux, car le président a parlé librement et sans retenue. »
Face aux journalistes parfois sceptiques sur cette rupture prétendue, les membres du CPA demandent du temps et garantissent que le président Macron est « très sincère » dans « sa volonté de construire une relation neuve » entre la France et les pays africains. De Paris à Ouaga en passant par Dakar, tout le monde attend que ces belles paroles soient maintenant suivies d’effet.
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