L’œil de Glez : présidents déboulonnés en 2017… à qui le tour ?
Trois présidents africains supposés inamovibles ont vu leurs statues déboulonnées lors de l’année écoulée. Qui seront les chefs d’Etat “victimes” de 2018 ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.
Le vent du renouveau est toujours relatif, mais le continent africain a tout de même vu se libérer, en 2017, trois trônes occupés par des chefs d’État qu’on croyait indéboulonnables. Dès janvier, c’est le plus fantasque qui faisait ses valises, après avoir tenté de forcer le destin une dernière fois. Battu à l’élection présidentielle de novembre 2016, le Gambien Yahya Jammeh proclama l’état d’urgence et obtint de l’Assemblée nationale la prolongation de trois mois de son mandat. Le 21 janvier 2017, toutefois, devant une pression multiple, notamment internationale, il acceptait de jeter l’éponge après 23 ans de pouvoir. Il prenait la direction de Conakry. Quel avenir pour « l’homme en blanc » qui n’est que quinquagénaire ? Ses comptes bancaires gelés, il a fait part de son intention de se lancer dans l’agriculture. S’il était sincère lorsqu’il prétendait guérir les malades du sida, il pourrait entamer une belle carrière de guérisseur…
Doyen des chefs d’État africains en nombre d’années passées sous les arcanes du pouvoir, José Eduardo dos Santos est parti, lui, de son plein gré en ne se présentant pas à une élection présidentielle pourtant remportée par le candidat de son choix, l’ancien ministre de la Défense João Lourenço. Après 38 ans et 16 jours au sommet de l’État, il se susurre que seuls des soucis de santé auraient anesthésié la soif de pouvoir de dos Santos. Il se dit aussi qu’il aurait décidé d’étancher cette soif d’une autre manière, en restant président du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et en conservant un contrôle certain sur la filière pétrolière. Mauvais calcul ? Dès novembre, une purge au sein de l’entreprise publique Sonangol emportait sa fille Isabel dos Santos. Quelle retraite pour José Eduardo dos Santos ? Peut-être qu’il pourrait débuter une carrière musicale, lui qui, au cours de sa jeunesse, chantait et jouait de la guitare sous le pseudonyme Joes au sein des groupes Kimbamba do Ritmo ou Nzaji…
Et maintenant, à qui sera fatale 2018 ? À un Joseph Kabila cerné par sa Constitution ? À un Faure Gnassingbé contesté dans la rue ?
Le troisième déboulonné inattendu est le doyen en âge. C’est à 93 ans, après 37 ans au pouvoir, que Robert Mugabe s’est vu indiquer la sortie, lui qui comptait non seulement finir ses jours sur le trône, mais aussi confier celui-ci à sa chère et tendre Grace. Quelle retraite pour le nonagénaire qui prétend avoir une santé de fer ? Après avoir grandi à la mission catholique jésuite de Kutama, il pourrait se rapprocher de Dieu comme l’ont fait de nombreux autocrates chassés du pouvoir…
Et maintenant, à qui sera fatale 2018 ? À un Joseph Kabila cerné par sa Constitution ? À un Faure Gnassingbé contesté dans la rue ? À un Jacob Zuma ceinturé par des affaires ?…
Déclarations alarmistes d’Obiang
Est-ce parce qu’il est aujourd’hui le doyen incontesté sur le continent africain ? Est-ce parce que Yahya Jammeh s’est exilé à ses côtés en Guinée équatoriale ? Est-ce parce qu’il a entendu le proverbe « Qui se sent morveux se mouche » ? Toujours est-il que Teodoro Obiang Nguema Mbasogo vient d’appeler à la « vigilance », affirmant qu’une « guerre » serait en préparation contre son régime. Arrivé au pouvoir la même année que José Eduardo dos Santos, l’Equato-guinéen de 75 ans enregistre plus de 38 ans de pouvoir.
Ses déclarations alarmistes sont intervenues au lendemain d’une « tentative d’invasion et de déstabilisation » dénoncée vendredi par Malabo. Conscient que plus aucun président n’est indéboulonnable, Obiang Nguema a affirmé, lors de sa cérémonie de « vœux de bien-être » qu’il n’était pas au pouvoir parce qu’il voulait y être et qu’il souhaitait « une transition heureuse ». On cite parfois les choses pour mieux les tenir à distance…
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