L’augmentation de la TVA provoque un tollé en Tunisie
Les Tunisiens devront débourser près de 300 dinars par mois (environ 100 euros) et par foyer pour faire face aux hausses des prix. Une situation provoquée par l’entrée en vigueur de la loi de finance 2018, qui prévoyait une importante majoration de la TVA.
Avec l’entrée en vigueur de la loi de finances 2018, une majoration de la taxe à la valeur ajoutée (TVA), allant de 2 % jusqu’à 300 % selon les produits, est devenue effective et provoque une importante hausse des prix. Les hydrocarbures sont concernés, avec 50 millimes de plus sur le litre d’essence, mais aussi l’énergie, l’alimentation, l’immobilier, les produits importés… Aucun secteur n’est épargné.
Rien qui n’ait déjà été annoncé et dénoncé par les économistes et la société civile tunisienne lors de l’examen de la loi de finance. N’empêche, les députés semblent découvrir sa portée depuis son application et comptent auditionner au plus vite le ministre des Finances, Ridha Chalghoum et le ministre du Commerce, Omar Behi. Une réaction tardive qui ne changera rien à une loi adoptée par 134 élus sur 217.
Résultat : une situation extrêmement tendue qui met à mal le gouvernement et fait le jeu de certains partis politiques à quelques mois des élections municipales qui auront lieu en mai 2018.
Spéculation et basculement vers l’informel
L’opposition, dont le Front Populaire, appelle à des manifestations tandis que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) exige de préserver les prix des aliments de base (pain, pâtes, couscous, lait, huile végétale et sucre), auxquels l’État alloue, via le système dit de compensation, 3,52 milliards de dinars (1,18 milliard d’euros) de subventions. Mais déjà les spéculations vont bon train ; le sucre en vrac, à 0,97 dinar le kilo, est introuvable, il a été conditionné est vendu à 1,5 dinar.
Le gouvernement, qui escompte remplir les caisses de l’État grâce à la hausse de la TVA, avait été averti : une augmentation généralisée des prix risque de faire basculer l’économie vers l’informel. De son côté, l’économiste Ezzeddine Saidane met l’accent sur le coût élevé que le Tunisien devra payer pour renouer avec la croissance et souligne les effets sur la consommation de la dévaluation du dinar.
Abdelaziz Kotti, responsable national du suivi de l’action gouvernementale au sein de Nidaa Tounes, précise que son parti, le second en nombre à l’Assemblée, n’était pas favorable aux mesures de la loi de finances mais ne pouvait que de la voter puisque Nidaa Tounes est partie prenante du gouvernement d’union nationale mené par Youssef Chahed.
Des explications qui auront du mal à convaincre les Tunisiens, lesquels devront débourser près de 300 dinars par mois et par foyer pour faire face aux hausses des prix, selon l’expert en finances Mourad Hattab. Pratiquement le montant du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) qui est de 357,136 dinars par mois.
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