Au Maroc, les autorités monétaires se veulent rassurantes après l’adoption d’un nouveau régime de change

Un peu moins d’une semaine après l’adoption d’un nouveau régime de change pour le dirham marocain, la situation sur le marché est « très rassurante », estiment les autorités monétaires du pays.

Dirham marocain (MAD). © Alexandre Dupeyron pour JA

Dirham marocain (MAD). © Alexandre Dupeyron pour JA

Publié le 19 janvier 2018 Lecture : 4 minutes.

Cela fait quatre jours que la réforme du régime de change du dirham marocain est entrée en vigueur. La valeur du dirham contre les devises évolue désormais dans un intervalle de fluctuation de ±2,5 %, contre ±0,3 % auparavant, par rapport à un cours fixé préalablement par Bank Al-Maghrib. Si un grand nombre de Marocains et d’opérateurs économiques exprimaient leurs craintes vis-à-vis de cette réforme, notamment quant à ses conséquences sur le pouvoir d’achat, il semblerait que tout se passe bien sur le marché. « Les premiers jours de ce processus de flexibilisation se sont passés de façon lisse et ordonnée », assure Youssef Naguib, directeur commercial de BMCE Capital Markets qui a suivi avec grande attention le déroulement des premières séances de la semaine.

Le même constat a été rapporté par le ministre des Finances, Mohamed Boussaid, et le gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, lors d’une conférence de presse tenue le 18 janvier. « Les trois premiers jours, la cote est restée dans la limite de la précédente bande », s’est réjoui le ministre, qui est venu pour rassurer et pour dégager toute ambiguïté concernant ce sujet. Pour lui, le marché a donné raison à l’économie nationale et le dirham est en ligne avec les fondamentaux économiques du pays.

L’inflation n’augmenterait que de 0,4 point dans le pire scénario

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Si cette réforme a pris plus de sept ans de préparation, la vulgarisation du sujet n’a pas été faite d’une façon très réussie. C’est pour cela que durant toute la semaine, les autorités monétaires et financières du pays ont porté un discours rassurant, mais surtout pédagogique.

D’ailleurs, des stress-tests ont été effectués par la commission qui était en charge de la préparation de cette réforme, pour connaître les conséquences d’une baisse 2,5 % du cours du dirham. Ce scénario, basé sur l’hypothèse d’une dépréciation maximale, a montré une hausse de 0,2 % de la croissance économique du pays et une inflation additionnelle de 0,4 . « Cela nous donnerait un taux d’inflation à 1,9 %, contre 1,5 % selon nos prévisions pour 2018. Même dans ce scénario, nous resterions sous la barre des 2 % tolérés », poursuit Abdellatif Jouahri, qui est convaincu qu’une telle chute est très peu probable.

Pas d’impact significatif sur le pouvoir d’achat des Marocains

Autrement dit, les Marocains ne risquent pas d’être trop affectés dans leur vie quotidienne, même par la pire des situations imaginables. « L’assouplissement décidé le 15 janvier dernier n’entrainera pas d’impact significatif sur le pouvoir d’achat des citoyens marocains », confirme Sandy Campart, directeur du département IUP banque finance assurance de l’Institut d’administration des entreprises de Caen. Le wali de Bank Al Maghrib donne même un exemple précis : celui du prix du litre du gasoil, actuellement de 9,60 dirhams, qui ne devrait en aucun cas augmenter de plus de 0,15 dirham.

Les craintes des Marocains et des acteurs économiques sont principalement liées à une éventuelle flambée des cours du pétrole. Car, par le passé, quand le pétrole s’échangeait à des prix trop élevés, certains produits et services ont été automatiquement affectées. Le pays est, rappelons-le, très dépendant de ses importations en énergie. « Un choc pétrolier donnera lieu à une nette diminution du pouvoir d’achat des ménages, quel que soit le régime. Seule diffère la vitesse et les canaux de transmission du choc », explique Sandy Campart. Autrement dit, la réforme du régime de change ne sera pas l’unique explication des hausses des prix futures, même dans le cas d’un écroulement brutal.

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L’étape suivante

Mais le dirham n’en est pas encore là. « Depuis dix ans, le FMI ne cesse de répéter que le dirham reflète les fondamentaux de l’économie marocaine », lance Boussaid. « Les autorités de tutelle ont opté pour un processus de transition graduel afin de permettre aux opérateurs économiques de s’adapter à cette évolution. Ces derniers ont l’assurance d’être accompagnés de façon efficace », précise Youssef Naguib, de BMCE Capital Markets.

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Ce qui est certain, effectivement, c’est que ce premier élargissement de la bande de fluctuation n’est pas une fin en soi, l’’objectif étant de passer à un régime de change encore plus flexible. Une réforme «  qui n’est pas dictée par les instances internationales », martèlent les autorités monétaires. « C’est une décision souveraine et volontaire, au service de la compétitivité de notre économie », a répété Abdellatif Jouahri durant chacune des interventions de la semaine.

Des évaluations seront faites au fur et à mesure pour mieux cerner la demande sur le marché et mieux prévoir ses réactions. « Nous maintiendrons la progressivité et la prudence », précise l’argentier du royaume, sans annoncer de calendrier. Il est en effet difficile de se projeter dans une réforme qui ne dépendra pas seulement de la conjoncture interne. Les quelques pays qui ont précédé le Maroc dans cette réforme ont mis entre cinq et quinze ans pour compléter le processus.

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