Au Maroc, une taxe irrite la presse digitale

La loi de finances 2018 a élargi une taxe de 5 % appliquée aux spots publicitaires télévisés, à tous les types d’écrans, notamment les smartphones et ordinateurs. Les acteurs concernés contestent à l’unisson, notamment la presse digitale qui craint pour son modèle économique déjà fragile.

Désormais, les publicités destinées au sites web seront taxées comme celles de la télévision. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Désormais, les publicités destinées au sites web seront taxées comme celles de la télévision. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Publié le 1 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 1er janvier 2018, une taxe touchant les spots publicitaires télévisés est étendue à ceux diffusés sur les écrans de smartphones, tablettes et ordinateurs. Cet impôt, dont le taux est de 5 %, touche donc désormais les publicités sur les sites d’information. Depuis le début de la semaine, une importante colère est exprimée à l’unisson par les éditeurs, les annonceurs et les agences de conseils en publicité.

« Alors que nous militions pour la suppression de cette taxe qui s’appliquait à la publicité sur la télévision et le cinéma, nous avons été surpris de voir son champ d’application élargi avec les dispositions de la nouvelle loi de finances », précise Mounir Jazouli, président du Groupement des annonceurs du Maroc.

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Distorsion de la concurrence

Cet amendement apporté au projet de loi de finances lors de son passage, passé inaperçu, à la chambre des conseillers, a été très mal accueilli. Ce qui irrite davantage les acteurs directement concernés, est que cette mesure a été imposée sans une consultation préalable. Ni le gouvernement, ni les groupes parlementaires, ne se sont référés aux avis des acteurs du secteur.

Une décision dangereuse, absurde et incompréhensible

« Il s’agit d’un coup porté à l’équilibre économique du secteur de la presse digitale, et qui provoque de surcroît une distorsion de la concurrence », estime Naceureddine Elafrite, directeur de la publication du site Medias24.com, dans une tribune publiée en début de semaine. Les supports de presse imprimés ne sont, en effet, pas concernés par cette taxe, ni les publicités effectuées sur les grandes plateformes internationales comme Google ou Facebook.

Selon les éditeurs, l’instauration de cette taxe est très oppressive pour un secteur dont le modèle économique reste très fragile. La mise en place d’un plan d’urgence était même attendue. Pour la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), cette décision est « dangereuse, absurde et incompréhensible ».

80 millions de dirhams de recettes publicitaires digitales pour la presse

La publicité contribue grandement dans le chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble des sites d’information. Environ 400 millions de dirhams (35 millions d’euros) de publicité sont injectés chaque année dans le circuit digital. Sauf que la presse nationale n’en reçoit qu’un cinquième, soit 80 millions de dirhams. La part du lion est absorbée par d’autres supports, à l’image de Facebook et Google. « Ce modeste 15 % à 20 %, vestige du marché publicitaire, est maintenant frappé de plein fouet par une taxe », écrit Naceureddine Elafrite.

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L’enveloppe dédiée par l’État au soutien de la presse est de l’ordre de 65 millions de dirhams, contre 15 milliards de dirhams en France selon la FMEJ. Une augmentation de cette subvention est, elle aussi, espérée depuis quelque temps par le secteur.

Cette taxe, appliquée au Maroc depuis le début des années 1970, a initialement touché les affiches publicitaires dans l’espace public, avant d’être élargie à la télévision et maintenant à tous les écrans.

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