Maroc : le procès de Touafik Bouachrine, accusé de « violences sexuelles », ajourné au 15 mars

Arrêté le vendredi 23 février, le directeur de publication du quotidien d’Akhbar al-Youm, poursuivi sur des accusations de « violences sexuelles », a vu son procès s’ouvrir jeudi à Casablanca dans une ambiance houleuse, avant d’être ajourné au 15 mars après de longs débats entre avocats.

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication Akhbar Al Yaoum, a été interpellé le 23 février dans son journal à Casablanca. © YouTube/Yahya karami

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication Akhbar Al Yaoum, a été interpellé le 23 février dans son journal à Casablanca. © YouTube/Yahya karami

Publié le 8 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

C’est devant une salle d’audience comble que le procès de Touafik Bouachrine s’est ouvert, à la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca. Cette affaire secoue la scène médiatique locale du fait des charges très lourdes qui pèsent contre  le directeur de publication du quotidien d’Akhbar al-Youm, accusé de « traite d’êtres humains », « violences sexuelles », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol » ou « attentat à la pudeur avec violence ».

Ton critique

Connu pour sa liberté de ton et sa proximité avec le Parti justice et développement (PJD, islamiste, au gouvernement), le journaliste de 49 ans a été arrêté le 23 février dans les locaux de son journal, au cours d’une descente policière spectaculaire.

Avec un tirage de 28 345 exemplaires et une diffusion de 15 661, selon les chiffres 2016 de l’OJD Maroc, le journal Akhbar Al Yaoum fait partie des publications arabophones les plus lues dans le pays, en raison notamment de son ton critique à l’égard du pouvoir.

Les actes qui sont reprochés à son patron auraient été commis à l’encontre de huit plaignantes, selon les autorités judiciaires marocaines.

La séance de jeudi a été marquée par de vifs échanges entre les avocats des deux parties, sur des questions de pure forme. La défense a notamment dénoncé un « procès politique et inéquitable », regrettant qu’il n’y ait pas eu de confrontations entre l’accusé et les plaignantes, et appelant à ce que celles-ci viennent témoigner devant la cour.

Les avocats de la partie civile ont eux insisté sur l’importance « d’assurer la protection » des plaignantes, qui auraient « reçu des menaces ». Ils ont demandé un report du procès pour mieux préparer leur plaidoirie.

« Coup monté »

Après avoir suspendu à quatre reprises l’audience, le président de la cour a décidé d’ajourner les débats au 15 mars. L’arrestation de Taoufik Bouachrine a fait la une des médias marocains et suscité des salves de réactions, avec des avis très partagés.

Certains évoquent une « grave affaire » sans lien avec ses positions éditoriales, appelant au respect de ses victimes présumées, quand d’autres y voient un « coup monté ».

Les plaintes pour viol sont très rares au Maroc : les victimes redoutent les effets de leur agression sur leur réputation dans une société qui reste largement conservatrice, et elles craignent d’être elles-mêmes poursuivies, alors que les relations sexuelles hors mariage sont interdites dans le royaume.

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