RDC : un rapport de l’ONU dénonce la répression tous azimuts des manifestations

Tirs à balles réelles dans la foule, arrestations arbitraires, dissimulation de cadavres… Un rapport des Nations unies revient sur la répression menée pendant un an par les forces de sécurité congolaises face aux manifestations contre le régime du président Joseph Kabila.

Des policiers dans les rues de Kinshasa, lors de la répression de la manifestation du 31 décembre 2017. © John Bompengo/AP/SIPA

Des policiers dans les rues de Kinshasa, lors de la répression de la manifestation du 31 décembre 2017. © John Bompengo/AP/SIPA

Publié le 20 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Élaboré conjointement par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et la Monusco, ce rapport recense au moins 47 personnes tuées – dont quatre femmes et trois enfants – par la police et l’armée congolaises, lors de manifestations entre le 1er janvier 2017 au 31 janvier 2018.

Restrictions imposées par les autorités

Mais le nombre de victimes pourrait en réalité être largement supérieur, de l’aveu même des auteurs du texte. En cause : « Les restrictions imposées par les autorités [qui] ont limité la capacité du BCNUDH à confirmer de nombreuses allégations crédibles portées à sa connaissance. » Des entraves qui ont pris la forme d’actes de violence et d’intimidation envers les observateurs des Nations unies, ainsi que d’un refus d’accorder l’accès aux morgues et aux hôpitaux.

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Lors de la présentation du rapport à Genève, lundi, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein a dénoncé « l’anéantissement des voix discordantes à tout prix – même au prix de vies humaines – en RDC avec le déploiement systématique des forces armées aux côtés de la Police nationale congolaise pour gérer les manifestations ».

Cette répression violente s’est notamment traduite par l’usage de tirs à balles réelles dans la foule, à l’image du massacre du 7 août 2017 dans la commune kinoise de Ngaliema. Ce jour-là, une unité commando des FARDC aurait ouvert le feu sans discernement sur une foule de manifestants qui se rendait à une antenne de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) pour en prendre le contrôle. Bilan de la tuerie : une vingtaine de morts.

Dissimulation de cadavres

Le même jour, afin de dissimuler l’ampleur de la répression dans la capitale, une unité des FARDC a emporté les corps d’une vingtaine de personnes, avant de les enterrer dans des fosses communes à Kinshasa et Muanda, selon des informations jugées « très crédibles » par les enquêteurs des Nations unies.

À cela s’ajoute « l’impunité persistante » dont bénéficie les auteurs de ces crimes. « À la connaissance du BCNUDH, aucune procédure judiciaire n’a été ouverte contre les auteurs présumés des graves violations des droits de l’homme commises le 7 août 2017 », souligne les auteurs du rapport, qui s’étonnent à l’inverse de la multiplication des condamnations pour le simple fait de participer à des manifestations.

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« Ceci est incompatible avec la lettre et l’esprit de l’Accord du 31 décembre 2016 et ses mesures de décrispation, s’est indignée à Genève Leila Zerrougui, la cheffe de la Monusco. Les manifestations sont intrinsèquement liées à la liberté d’expression et il est absolument nécessaire que toutes les voix puissent être entendues dans le contexte des prochaines élections [prévues le 23 décembre 2018, NDLR]. »

Une échéance à laquelle fait d’ailleurs mention le rapport onusien, en estimant que « les risques d’une violence accrue constituent une menace sur le processus électoral ».

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