Les marchés des changes se stabilisent en Afrique, mais les vulnérabilités restent élevées
La société d’assurance-crédit Coface revient dans une note sur le risque de change en 2018. D’après l’organisation, si les pressions se sont réduites sur le marché des changes, des fragilités demeurent. La baisse du niveau des réserves rend les économies africaines plus vulnérables à un nouveau choc.
Depuis 2014, face à la dégradation des termes de l’échange et les pressions baissières, « les autorités ont réagi de manière diverse : si beaucoup ont dû en permettre une dépréciation significative, ceux disposant d’un régime de change moins flexible se sont appuyés sur leurs réserves pour soutenir la parité », indique la société d’assurance-crédit Coface.
Les pressions s’atténuent
Si les pressions subies ont été importantes en 2016, « l’amélioration des balances commerciales en 2017, notamment grâce à une augmentation de la production et des prix des matières premières exportées, a ensuite permis une relative stabilisation du cours des devises ». « Cette atténuation des pressions s’observe également pour les pays disposant d’un régime de change moins flexible », explique la Coface.
Si en 2016 le déficit extérieur des pays d’Afrique de l’Ouest, et en particulier ceux de l’UEMOA, s’était accru, les réserves ont commencé à se reconstituer en 2017 au Mali, où la production d’or a augmenté de 5 %, et au Niger, avec la hausse des exportations d’uranium et de pétrole. « En Afrique du Nord, les tensions demeurent fortes (Algérie, Tunisie), mais on observe une amélioration notamment en Libye où la production de pétrole a doublé en 2017 par rapport à 2016 », explique l’étude de la Coface.
Des poches de risque persistent
Celle-ci va plus loin et indique que « des poches de risque demeurent ». « La Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) est encore aux prises d’importantes pressions baissières sur le franc CFA », détaille-t-elle.
La baisse des réserves a continué dans la zone, « ranimant d’intenses rumeurs d’une dévaluation et d’une césure entre la valeur du franc CFA en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ». Cependant, « à la faveur de l’évolution des cours internationaux du brut, d’un relèvement du taux directeur en mars 2017 (de 2,45 % à 2,95 %), et, surtout, de l’octroi de crédits par le FMI à trois pays de la zone (le Cameroun, le Gabon et le Tchad) entre avril et septembre 2017, la balance des paiements de la Cemac a enregistré une (légère) embellie ».
Le risque de dévaluation du franc CFA en Afrique centrale n’est donc pas totalement à exclure
« Les réserves ont commencé à se stabiliser, mais demeurent faibles et leur évolution pourrait retrouver une tendance baissière si le FMI ne parvient pas à conclure un accord avec la République du Congo et la Guinée équatoriale. Le risque de dévaluation du franc CFA en Afrique centrale n’est donc pas totalement à exclure », souligne la Coface.
En proie à l’instabilité et à des déséquilibres extérieurs, malgré l’augmentation des prix internationaux des minerais, la RDC connaît également de fortes tensions sur le marché des changes. Tout comme la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, qui ont subi le virus Ebola en 2014. Les pressions sont moins importantes en Afrique du Nord, mais subsistent, notamment en Algérie et en Tunisie.
Les réserves restent faibles
Malgré une relative stabilisation des déficits budgétaires et des balances courantes, la Coface note que « les récents changements ayant affecté les économies de la région ont laissé des traces qui les rendent vulnérables à un nouveau choc ». En effet, « alors que le niveau médian de couverture des importations dans les pays d’Afrique était de 3,9 mois en 2014, il a décliné à 3,2 mois trois ans plus tard », indique la société. « 32 pays (sur 51) disposent d’un taux de couverture moins important en 2017 qu’en 2014 ».
La dépendance aux matières premières non transformées – et pour de nombreux pays à seulement l’une d’entre-elles – comme source de devises étrangères expose le marché des changes à de très fortes variations. « Les pays exportateurs de matières premières agricoles pourraient être ainsi mis sous pression », détaille la Coface.
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