Maroc – Nigeria : trois accords signés entre Mohammed VI et Muhammadu Buhari

Tracé du gazoduc ouest-africain, phosphate et agriculture, Buhari a scellé une alliance économique avec le royaume chérifien lors de sa visite qui se termine ce lundi. La première d’un président nigérian au Maroc.

Mohammed VI avec le président nigérian, Muhammadu Buhari, le 2 décembre 2016 à Abuja (image d’illustration). © Source : ministère marocain des Affaires étrangères

Mohammed VI avec le président nigérian, Muhammadu Buhari, le 2 décembre 2016 à Abuja (image d’illustration). © Source : ministère marocain des Affaires étrangères

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 9 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Ce n’est pas la première fois que Muhammadu Buhari vient au Maroc. En novembre 2016, il avait en effet participé aux travaux de la Conférence sur le Climat (Cop 22) à Marrakech. Mais dimanche 10 juin, il est venu en visite d’État pour appuyer le nouveau type de relations « économiques et pragmatiques » que son pays a décidé d’édifier avec Rabat, loin des chamailleries politiciennes sur la question du Sahara occidental. Sa visite, qui se termine ce lundi, intervient suite à l’invitation de Mohammed VI qui s’était déjà rendu à Abuja en décembre 2016. Gazoduc ouest-africain, phosphate et agriculture sont les thèmes abordés par l’importante délégation de ministres et d’hommes d’affaires qui l’accompagne.

Le tracé du gazoduc acté

Hier soir, Muhammadu Buhari s’est entretenu avec le roi du Maroc au Palais royal à Rabat. Après la rupture du jeûne, les deux chefs d’État ont signé trois accords de coopération dont un relatif au Gazoduc qui devra traverser toute la côte ouest-africaine.  « Pour des raisons d’ordre économiques, politiques, juridiques et sécuritaires, le choix s’est opéré sur une route combinée onshore/offshore », annonce la partie marocaine. Son tracé devra mesurer approximativement 5.660 km et ses dépenses d’investissement (CAPEX) sont, à priori, définies, mais aucune estimation n’a été donnée par les officiels marocains. La construction devant se faire en plusieurs phases, les coûts seront affinés au fur et à mesure, signale-t-on.  Et puis, il faudra impliquer les États traversés et évaluer leur demande ainsi que celle des pays européens.

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Les deux autres accords signés dimanche portent sur la construction d’une « plateforme industrielle au Nigeria pour la production d’ammoniaque et des produits dérivés », et la « formation professionnelle agricole ».

Des poids lourds de l’establishment nigérian 

Pour cette visite, Buhari est accompagné du ministre des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, du ministre de l’Agriculture, Audu Ogbeh, du patron du Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA, fonds souverain), Uche Orji, du directeur général de la National Nigeria petroleum corporation (NNPC), Farouk Garba Said , du secrétaire général de l’Organisme des producteurs et utilisateurs des fertilisants (FEPSAN), Alhaji Ahmed Rabiu Kwa, du directeur du Nigerian intelligence agency, Ahmed Abubakar, de ses conseillers spéciaux, ainsi que des gouverneurs d’États fédérés et plusieurs personnalités.

« Le Maroc veut accompagner le Nigeria dans la diversification de son économie et la lutte contre le terrorisme », explique un officiel marocain.

En décembre 2016, à Abuja, Mohammed VI et Muhammadu Buhari annonçaient la signature d’un projet gazoduc ouest-africain ainsi qu’un accord dans les phosphates. Le groupe marocain OCP et le milliardaire nigérian Aliko Dangote – qui ne fera pas partie de ce voyage car il est en pèlerinage à la Mecque – annonçaient un investissement croisé dans le secteur des engrais : une importante plateforme de production de fertilisants, alimentée par le phosphate marocain et le gaz nigérian, ainsi qu’une unité de fabrication d’acide phosphorique à Jorf Lasfar, au Maroc. Les deux unités nécessiteront un investissement de 2,5 milliards de dollars.

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L’adhésion à la Cedeao en coulisses 

Le dossier d’adhésion du Maroc à la Communauté des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao) n’est pas inscrit à l’ordre du jour, nous précise-t-on, mais rien n’empêche qu’il soit abordé par les deux chefs d’États dans leurs discussions à huis clos. Le 16 décembre 2017, les États membres, réunis à Abuja, avaient décidé de mettre en place un comité composé des présidents togolais, ivoirien, ghanéen, guinéen et nigérien pour superviser une étude sur les retombées d’une adhésion marocaine qui suscite des réticences dans les milieux d’affaires ouest-africains, particulièrement au sein du patronat nigérian.

Cette étude est en cours de finalisation. Le Maroc espère convaincre le président Muhammadu Buhari qu’il n’est pas dans une démarche prédatrice mais que son objectif est de créer un marché commun avec un démantèlement progressif des droits de douane. Parallèlement, depuis quelques mois, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le think-thank Amadeus, un des canaux de la diplomatie chérifienne, multiplient les rencontres avec les hommes d’affaires de la zone pour rassurer quant à la démarche marocaine.

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