Andry Rajoelina : « Nous pouvons rattraper le retard de Madagascar en cinq ans »
L’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina, candidat à la présidentielle prévue fin 2018, présente ses objectifs pour Madagascar et affirme être « prêt ».
Présidentielle à Madagascar : la bataille des ex
Le scrutin présidentiel, dont le premier tour se déroule le 7 novembre, doit permettre d’enfin tourner la page de la crise ouverte en 2009. 36 candidats – dont les trois derniers chefs de l’État – s’y affrontent, dans une ambiance tendue.
« Je suis un peu fatigué », prévient tout de suite, dans un large sourire, Andry Rajoelina. Depuis que le leader du Mapar a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, le 1er août, les délégations se succèdent au siège de sa chaîne de télévision Viva, qui abrite également ses locaux de campagne.
Entre les élus provinciaux de son parti ou les représentantes d’association des femmes malgaches, l’ancien président de la Transition, entre 2009 et 2014, a quand même trouvé le temps de rencontrer la presse étrangère. Histoire de montrer, une nouvelle fois, qu’il a bien changé et que, cette fois-ci, il est prêt à occuper le fauteuil de la présidence.
Jeune Afrique : Vous avez fait une nouvelle démonstration de votre popularité lors de ce premier meeting de campagne organisé à Antananarivo. Comment avez-vous vécu cette journée ?
Andry Rajoelina : Avec beaucoup d’émotion. Je n’avais pas rencontré la population de la capitale depuis mon élection en tant que maire en 2007. Cette rencontre était surtout l’occasion de partager ma vision pour le développement de Madagascar. Car être président, cela se prépare et je ne veux plus que le hasard influe sur l’avenir du pays. Depuis 2013, et ma décision de ne pas me présenter aux élections, je me suis préparé, pendant quatre ans et demi, pour être en mesure de réussir mon retour et sauver Madagascar.
La présidence semble avoir tenté, jusqu’au bout, d’annuler l’événement. Vous confirmez avoir subi des pressions ?
Ce n’est pas la première fois. Depuis que je suis rentré à Madagascar en mars, le pouvoir a toujours tenté de me mettre des bâtons dans les roues. Cela ne m’empêche pas d’aller de l’avant et de proposer mes idées. Dans le cas présent, oui, nous avons effectivement reçu une lettre d’annulation venant du directeur général du palais des sports. Ce qui ne nous a pas empêchés de tenir notre manifestation comme prévu.
Je ne reviens pas pour régler des comptes
Vous semblez avoir pris soin de ne jamais mentionner le nom de l’actuel président, Hery Rajaonarimampianina, durant votre discours…
Ce n’était pas volontaire, mais je suis ici pour parler de l’avenir du pays, pas de son passé. Je ne reviens pas pour régler des comptes, mais pour redonner l’espoir à la population malgache. Moi aussi, j’ai espéré que l’équipe actuelle puisse relever le pays. Force est de constater que ce n’est pas arrivé. C’est donc pour moi un devoir, et non une obligation, de me porter aujourd’hui candidat.
Avec quels objectifs ?
Pour pouvoir développer le pays, il faut d’urgence rétablir la sécurité, qu’elle soit alimentaire, judiciaire, foncière… Mais tout est prioritaire actuellement à Madagascar, touché par le marasme économique, la corruption généralisée ou le chômage des jeunes. D’où la mise en place de l’Initiative pour l’émergence de Madagascar (IEM), que j’ai présenté en mai et qui a pour but d’apporter des solutions concrètes aux problèmes que rencontrent au quotidien les Malgaches. Nous voulons rattraper dans les cinq années qui viennent le retard affiché aujourd’hui par le pays. Et je vous assure que c’est possible.
Le drame de ce pays, c’est que les différents présidents qui se sont succédé à sa tête n’étaient pas préparés. Et moi le premier
Pourquoi ne pas avoir commencé à réaliser cette vision lorsque vous étiez à la tête de la Transition ?
Parce que le contexte était différent. Je devais composer avec les autres tendances politiques représentées au sein de la Transition et faire sans le soutien de nos bailleurs de fonds traditionnels puisque nous étions sous le coup des sanctions de la communauté internationale.
Le drame de ce pays, c’est que les différents présidents qui se sont succédé à sa tête n’étaient pas préparés. Et moi le premier. Je n’avais pas de projet validé par la population à l’époque. Aujourd’hui, je suis prêt. Avec l’IEM j’ai un vrai programme et si je m’engage c’est parce que j’ai quelque chose à proposer au peuple malgache.
Beaucoup d’experts sont sceptiques, estimant que l’IEM reste, pour l’instant, une coquille vide. Que leur répondez-vous ?
C’est faux ! D’importantes étapes ont déjà été franchies pour que cette plate-forme de réflexion soit capable d’apporter les solutions attendues.
Quand allez-vous les faire connaître ?
Nous le ferons quand nous le pourrons, c’est-à-dire dès l’ouverture officielle de la campagne électorale, le 6 octobre. Mais je peux déjà vous annoncer que nous allons dévoiler plus d’une centaine de propositions concernant de très nombreux domaines, comme la lutte contre la corruption, l’électrification du pays, etc… Sur ce dernier point, nous disposons de la cartographie complète du pays, qui nous permet de connaître à la fois la puissance installée et les besoins par région. Avec cet outil, nous serons en mesure de doubler les capacités de production du pays dans les cinq ans. Et ce n’est qu’un exemple.
Vous avez déployé d’importants moyens durant la précampagne. Qui paye ?
Je travaille comme entrepreneur depuis l’âge de 19 ans, je dispose donc d’une large partie des montants nécessaires pour faire campagne. Je compte également sur l’aide de la population, avec tous les gens de bonne volonté qui voudront m’aider.
L’actuel gouvernement de consensus est dirigé par un Premier ministre de votre camp. Quel est sa mission ?
Il doit exiger la neutralité de l’administration pour assurer la transparence des scrutins à venir. Notre priorité est d’aller aux urnes pour enclencher l’alternance démocratique nécessaire au développement de Madagascar, en étant sûrs que les élections soient organisées sans possibilité de détourner le choix de la population.
Nous n’étions pas là pour marchander des sièges ou des postes ministériels
Que répondez-vous à ceux qui, jusque dans votre propre camp, estiment que vous avez fait aveu de faiblesse lors de ces négociations ?
Nous n’étions pas là pour marchander des sièges ou des postes ministériels. Durant les années de la Transition, j’ai vu des politiciens davantage préoccupés par leurs intérêts personnels que par ceux de la population. Madagascar mérite mieux que cela.
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