Nigeria : le chef des renseignements limogé après un blocus du Parlement par les forces de sécurité

Le directeur directeur général du Service de sécurité de l’État nigérian, Lawal Musa Daura, a été limogé mardi « avec effet immédiat » par la présidence. Cette décision fait suite à la prise de contrôle temporaire du Parlement, le même jour, jugée « illégale » par le gouvernement.

Des membres des services de sécurité bloquent l’entrée du Parlement nigérian, le 7 août 2018 à Abuja. © REUTERS/Afolabi Sotunde

Des membres des services de sécurité bloquent l’entrée du Parlement nigérian, le 7 août 2018 à Abuja. © REUTERS/Afolabi Sotunde

Publié le 8 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Mardi, des hommes armés et cagoulés portant des insignes de la police et de l’agence de renseignement nationale (Department of State Services – DSS) s’étaient postés dès 7 h (heure locale) devant les portes du Parlement nigérian, empêchant parlementaires, employés et journalistes d’y accéder. Un blocus levé en milieu de matinée.

Devant l’indignation générale qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux et dans les médias, la présidence de la République a annoncé en début d’après-midi le limogeage du patron de la DSS. Le vice-président Yemi Osinbajo – assurant l’intérim du président Muhammadu Buhari actuellement en vacances à Londres – « a ordonné la cessation des fonctions du directeur général du Service de sécurité de l’État, Lawal Musa Daura, avec effet immédiat », indique un communiqué.

Une violation flagrante de l’ordre constitutionnel, de la primauté du droit et de toutes les notions acceptables de la loi et de l’ordre

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La présidence considère « la prise de contrôle non autorisée du complexe de l’Assemblée nationale (…) comme une violation flagrante de l’ordre constitutionnel, de la primauté du droit et de toutes les notions acceptables de la loi et de l’ordre ». Elle souligne également que l’opération avait été menée à son insu.

Lawal Musa Daura, le chef des renseignements limogé, est un ancien militaire à la retraite. Originaire de Katsina (dans le nord), tout comme le président Buhari, dont il est proche, il avait été nommé en juillet 2015 à la tête de la DSS.

Un coup politique ?

Plusieurs membres de l’opposition bloqués à l’extérieur du Parlement ont accusé la présidence de vouloir lancer une procédure de destitution contre le président du Sénat, avec lequel les relations sont notoirement exécrables. « Nous sommes envahis par la sécurité de l’État. Nos collègues ne peuvent pas se rendre au travail », s’est insurgé le sénateur Ben Murray-Bruce, membre du principal parti d’opposition, le Parti démocratique du peuple (PDP). « Nous avons été informés que les sénateurs de le Congrès des progressistes (APC – parti pouvoir, Ndlr) essayaient de renverser le leadership. C’est anti-démocratique », a-il ajouté.

Atiku Abubakar, ancien président qui a récemment basculé dans l’opposition, également candidat déclaré à la présidentielle, a lui aussi condamné une « tentative illégale et non-démocratique de s’introduire dans l’Assemblée nationale pour imposer son agenda consistant à changer le leadership du Sénat ».

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Les élections générales au Nigeria sont prévues en février 2019. D’ores et déjà, les jeux d’alliances et les intrigues politiciennes occupent tous les esprits. L’incident du mardi 7 août est le dernier rebondissement du bras de fer entre le chef de l’État, qui espère briguer un second mandat, au président du Sénat Bukola Saraki.

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Beaucoup prêtent des ambitions présidentielles à ce dernier, qui a quitté l’APC pour rejoindre le PDP la semaine dernière. Il est soupçonné d’avoir orchestré la vague de défections massives qui a secoué le parti au pouvoir, mi-juillet, avec la démission de 14 sénateurs et 37 membres de la Chambre basse.

Les parlementaires avaient ensuite ajourné les sessions du Parlement au 25 septembres, suscitant de vives critiques de la part de l’exécutif, qui réclamait en urgence le déblocage de fonds pour l’organisation des élections générales.

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