Lionel Zinsou : « Vers un tsunami industriel en Afrique »
Le financier franco-béninois Lionel Zinsou, président du capital-investisseur PAI Partners, se montre plutôt optimiste quant à l’avenir du continent.
De Lionel Zinsou, on dit qu’il ne rentre dans aucune case. Ce n’est pas une question de taille, mais plutôt de parcours : ce Franco-Béninois, membre de l’élite intellectuelle française, est entré dans les cabinets ministériels (de gauche) avant de se muer en banquier d’affaires, en financier et en homme de culture via la fondation qu’il a créée au Bénin. Il était l’invité – intarissable – de RFI et Jeune Afrique dans le cadre de leur émission mensuelle « Grand Invité de l’économie ». Extraits et vidéos.
Propos recueillis par Frédéric Maury (J.A.) et Jean-Pierre Boris (RFI)
Ebola, une psychose économique
« Fermer les frontières et stopper le transport aérien, c’est une erreur, car ce n’est ni efficace ni indispensable. Maintenant, il faut se déconnecter de l’émotion et revenir à la raison : lorsque l’épidémie de Sras a touché Hong Kong, personne n’a écrit que cela remettait en cause la croissance chinoise. Je rappelle que les trois pays victimes aujourd’hui [le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée] représentent ensemble la moitié du PIB de la Côte d’Ivoire et trois semaines de celui du Nigeria. »
Lionel Zinsou : « La zone Franc est une bonne… par Jeuneafriquetv
L’industrialisation de l’Afrique
« Il y aura trois vagues qui provoqueront un tsunami industriel. Certains pays sont déjà acteurs dans les échanges internationaux : les éléments de cockpit d’Airbus fabriqués en Tunisie ou ceux des réacteurs de Safran au Maroc illustrent leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales. L’autre vague, la plus forte, viendra de la satisfaction des besoins afri- cains : automobiles, ciment, agroalimentaire… Enfin, troisième vague : la délocalisation, pour profiter d’éléments de compétitivité en Afrique. Et là, le continent se substituera à l’Asie. »
Qui veut la peau du franc CFA ?
« C’est un sujet des plus controversés en Afrique et le franc CFA est souvent contesté par les Anglo-Saxons. Mais cette monnaie, utile à la stabilité des finances publiques, de l’inflation et de l’endettement, est aussi un facteur d’intégration régionale. Rattacher le franc CFA à un panier de monnaies plutôt qu’à l’euro ne changerait rien. Ce n’est qu’à son propre détriment qu’on sort de la stabilité monétaire. »
La Fondation franco-africaine pour la croissance
« L’idée de cette fondation [lancée en juillet par le gouvernement français sous la houlette de Lionel Zinsou] est plutôt originale : si on veut donner plus de contenu économique aux échanges entre la France et l’Afrique, il faut dépasser le cadre des États et mettre en réseau entreprises et associations. Ce n’est pas un réseau d’entreprises françaises, mais un partenariat avec des acteurs africains. »
Discriminations françaises
« Je ne crois pas qu’elles soient le produit de différences ethniques, mais sociales. Il y a beaucoup de résultats positifs dans l’assimilation. La France est le pays où il y a le plus de mariages mixtes, alors que ce sont des choses presque impossibles au Royaume-Uni et très rares en Allemagne. Comme disait Rama Yade, je crois qu’il est plus difficile, quand on habite en France, d’être né à Colombes qu’au Sénégal. »
Seconde partie de l’émission – Lionel Zinsou : « Vers un tsunami industriel » par Jeuneafriquetv
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