Daoud Aoulad Syad

Cet admirateur de Cartier-Bresson est passé avec bonheur de la photo au cinéma. Tarfaya, son dernier film, est sur les écrans marocains depuis le 13 avril.

Publié le 25 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Le cinéaste Daoud Aoulad Syad passe difficilement inaperçu. Ses dreads partent dans tous les sens, formant autour de lui une sorte d’aura sombre. Celle-ci, toutefois, déteint davantage sur ses personnages, dont aucun n’échappe à une forme de douce mélancolie, que sur sa personne, qui ne se départ jamais de sa joyeuse humeur marrakchie. Dans Tarfaya (2004), sa dernière réalisation, sa caméra suit Meriem, une jeune fille tentée par l’exil. De son histoire, on ne saura pas grand-chose. Le film nous la donne à voir au présent, déboussolée, sans passé ni avenir. Et chacune des séquences où elle apparaît, perdue dans un océan de dunes puis de vagues, est une vraie photo.

Pas étonnant, car, avant de devenir cinéaste, Daoud Aoulad Syad a été (et reste) photographe. « Mon premier contact avec l’image remonte à une exposition d’Henri Cartier-Bresson. J’avais 22 ans et j’étais étudiant en physique à Nancy », se remémore celui qui fut le premier dans son quartier natal, Riad Zitoun à Marrakech, à décrocher le bac. « En sortant de cette exposition, j’étais très ému. Les photos étaient tellement fortes. Je me suis dit « je veux être photographe » comme Cartier-Bresson ».
Aussi tôt dit, aussitôt fait. Daoud achète son premier appareil, « un Zénith, le moins cher ». Un an plus tard, il monte une première exposition à Nancy. Et, une fois son doctorat en poche, il rentre au Maroc et commence une carrière universitaire sans pour autant oublier la photo. Ses clichés paraissent dans la presse nationale et internationale. Et en 1989, il publie Marocains aux éditions Contrejour. Un premier livre qui sera suivi par d’autres.
En 1990, c’est l’Institut du monde arabe à Paris qui présente ses travaux. Il y rencontre, cette fois en chair et en os, Cartier-Bresson. Ce dernier lui promet qu’il « ira loin ».
Et puis un jour, il n’y a pas de hasard, il croise Jean-Claude Carrière, le directeur de la Femis (Fondation européenne des métiers de l’image et du son) venu au Maroc animer un atelier. Voilà Daoud à la Femis. On est en 1989 et sa carrière cinématographique, mettant en scène l’univers populaire qui est le sien, va bientôt commencer. Il réalise d’abord des courts-métrages : Mémoire Ocre (1991), Entre l’absence et l’oubli (1993), L’Oued (1995). En 1998, il triomphe à la biennale des cinémas arabes à Paris avec son premier long-métrage : Adieu forain. Le deuxième, Cheval de vent, sera récompensé par le jeune public aux Trois Continents de Nantes, mais n’a pas encore été montré au Maroc en dehors du circuit festivalier.

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« Le problème, c’est la distribution », confiait Daoud Aoulad Syad, à la fin de mars, au festival du cinéma méditerranéen de Tétouan, où il était venu présenter pour la première fois au Maroc Tarfaya et d’où il est reparti avec le Prix de la critique. Ce film, également lauréat du Prix de la francophonie au XXe Festival de Paris-Île-de-France, est sur les écrans marocains depuis le 13 avril. Trouvera-t-il le public qu’il mérite ?

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