Le Nigeria restreint les importations, Peugeot relance l’assemblage local
PSA Peugeot Citroën va redémarrer l’assemblage de voitures au Nigeria, une activité interrompue depuis plusieurs années. Cette annonce intervient alors qu’Abuja a mis en place depuis début juillet de nouvelles taxes sur l’importation de véhicules neufs.
Comme Jeune Afrique l’avait révélé en octobre 2013, PSA Peugeot Citroën repart à l’offensive au Nigeria. Mais le groupe automobile n’aura pas attendu d’atteindre l’objectif de 12 000 voitures écoulées sur le marché nigérian – quelques centaines de véhicules ont été distribués dans le pays l’an dernier – indiqué pourtant au magazine, il y a dix mois, comme la condition préalable à une relance du site de Kaduna. Une accélération de programme qui ne dit pas son nom et qui coïncide avec la mise en oeuvre depuis début juillet de nouvelles taxes sur l’importation de véhicules neufs au Nigeria.
Modèles
Le groupe français et la société PAN Limited ont signé le 11 juillet un accord en vue d’assembler et de commercialiser des véhicules Peugeot dans le pays le plus peuplé d’Afrique. La berline 301 devrait être le premier modèle assemblé sur le site de Peugeot à Kaduna (dans le nord du pays) à partir d’éléments détachés, « à raison de 1 000 unités pour le volume de lancement, et ce dès le second semestre 2014 », a indiqué un porte-parole du constructeur automobile français, cité par l’agence Reuters.
« Selon les termes de l’accord, PAN Nigeria Limited pourra également assembler la Peugeot 508 et la Peugeot 308. Peugeot s’appuiera sur un réseau d’une dizaine de concessionnaires, capables de mettre en œuvre très rapidement les standards de qualité demandés par la marque et d’appuyer son développement commercial au Nigeria », indique un communiqué de presse du constructeur automobile français.
PAN, le survivant
Installé à Kaduna depuis 1972, Peugeot Automobile Nigeria Limited est le seul acteur encore opérationnel de la demi-douzaine d’usines de production automobile installées par des constructeurs occidentaux au Nigeria dans les années 1970, parmi lesquels l’allemand Volkswagen, l’autrichien Steyr ou encore l’italien Fiat.
Au cours de la dernière décennie, l’usine d’assemblage de Kaduna a enregistré un déclin nettement marqué de sa production. Une perte de vitesse accentuée depuis l’arrêt, en 2005, de la production de la mythique Peugeot 504 (425 000 produites en trente ans).
Selon les données compilées par un chercheur nigérian, le professeur Ohwojero Chamberlain de l’université fédérale de Nsukka, la production de PAN est passée de 31 000 voitures par an (100 par jour) en 2000 à moins de 7 000 véhicules produits en 2010 (22 par jour).
Restrictions à l’importation
Dans son communiqué, PSA Peugeot Citroën prend la peine de souligner que l’annonce de la relance de sa production dans le pays est « conforme à la nouvelle politique de développement de l’industrie automobile mise en place par le gouvernement nigérian ».
Rappel utile d’autant plus que parmi les mesures prévues dans le cadre de cette nouvelle stratégie, lancée en octobre 2013, Abuja a mis en oeuvre depuis le 1er juillet une nouvelle taxe de 35 % sur les véhicules neufs importés dans le pays. Une charge élevée qui s’ajoute aux 35 % de droits de douane.
Encourager l’assemblage et l’emploi local
Devant la bronca soulevée par cette taxe, Olusegun Aganga, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement du Nigeria, a d’abord indiqué, au cours d’une conférence de presse, que cette mesure visait principalement à « encourager l’assemblage local ainsi que la création d’emploi et à réduire les pressions inutiles sur les réserves de change » du pays.
Il a également insisté sur le fait que la nouvelle taxe ne s’appliquerait pas aux voitures usagées, ni aux pièces détachées ou aux véhicules partiellement assemblés dans le pays…
Un message entendu cinq sur cinq par PSA Peugeot Citroën. Mais aussi par au moins une douzaine de constructeurs automobiles internationaux, prêts à relancer des activités d’assemblage au Nigeria, selon les chiffres communiqués en mai dernier par Aminu Jalal, directeur général du Conseil national de l’automobile du Nigeria.
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