Le Golf Hôtel, un tremplin pour le groupe Heden

Tout le monde se souvient du Golf Hôtel, ce quatre-étoiles où Alassane Ouattara s’était réfugié lors de la crise postélectorale de 2010 en Côte d’Ivoire. L’État ivoirien vient d’en confier la gestion à Heden Hôtels & Resorts, un jeune et ambitieux groupe hôtelier local.

La rénovation de l’établissement abidjanais sera lancée avant la fin de l’année. © Nabil Zorkot

La rénovation de l’établissement abidjanais sera lancée avant la fin de l’année. © Nabil Zorkot

Publié le 11 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

En décrochant, le 14 mai, la gestion du Golf Hôtel, symbole de la résistance du président Alassane Ouattara lors de la crise postélectorale de 2010-2011, Heden Hôtels & Resorts a mis un coup d’accélérateur à sa stratégie. Face à des groupes internationaux comme le sud-africain Legacy, le suisse Kempinski ou l’émirati Emaar, l’État a préféré, pour la reprise du management de ce quatre-étoiles, la société ivoirienne fondée en 2012 par Georges Angama, directeur général depuis une décennie du… Golf Hôtel.

Stratégie

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« Le chef de l’État souhaite que les meilleurs Ivoiriens dans leur secteur d’activité bénéficient d’un appui dans le cadre de la gestion des actifs de l’État. Georges Angama a l’avantage de totaliser deux décennies d’expérience », décrypte une source gouvernementale.

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Heden nourrit de grandes ambitions. Cette chaîne hôtelière gère déjà cinq établissements (Assouindé Beach, La Baie d’Assinie, Les Bulles, Les Chalets Dime et la Résidence des Lagunes) à Assinie, cité balnéaire à 80 km à l’est d’Abidjan, soit environ 70 chambres. La gestion du Golf Hôtel portera sa capacité à 320 unités.

Objectif d’ici à cinq ans : atteindre environ 1 000 chambres en Côte d’Ivoire, avec l’acquisition et la construction d’une trentaine d’établissements, mais aussi via d’autres contrats de gestion et de management.

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Des négociations sont déjà en cours pour le rachat de l’hôtel Sofia, un quatre-étoiles de 75 chambres situé dans la ville côtière de San Pedro, pour environ 3,8 millions d’euros. Heden a également entamé la construction d’un quatre-étoiles à Yamoussoukro, et la rénovation du Golf Hôtel sera lancée avant la fin de l’année.

En matière de stratégie, Heden n’entend pas réellement innover : le groupe a prévu de développer un portefeuille complet couvrant tous les segments du marché, du super-économique à l’hôtellerie de luxe. « Nous aurons trois marques : Heden Great pour les quatre et cinq-étoiles, Heden Gold pour les trois-étoiles et établissements économiques et, enfin, Heden Lodge pour le touristique », révèle Georges Angama.

Franchises

Le nouveau venu envisage également d’aller à la conquête de l’Afrique de l’Ouest : Burkina Faso, Mali, Sénégal, Bénin, Togo… Mais à la différence des acteurs déjà en place, comme Azalaï et Mangalis, il exclut pour l’instant toute implantation directe. Heden misera plutôt sur les franchises en permettant l’utilisation par des promoteurs hôteliers de sa marque et de son système de réservation et de distribution.

Georges Angama reste beaucoup plus discret sur le financement de toute cette stratégie. Des discussions seraient en cours avec des banques locales, la création du holding central – la Société des Lagunes – n’étant toujours pas finalisée.

Georges Angama, le résistant

Successivement contrôleur interne au groupe InterContinental, directeur financier de l’Okoumé Palace au Gabon et directeur général de l’hôtel Président de Yamoussoukro puis du Golf Hôtel d’Abidjan, Georges Angama est un « historique » de l’hôtellerie en Afrique. Lorsqu’il décide de se lancer dans l’aventure Heden, ce fringant quinquagénaire s’en ouvre d’abord à Marcel Amon Tanoh, directeur de cabinet d’Alassane Ouattara.

Mais c’est la nomination fin 2012 au ministère du Tourisme de Roger Kacou, son ex-patron à l’hôtel Ivoire InterContinental d’Abidjan, qui sera déterminante.

Autre atout de Georges Angama : sa proximité avec le pouvoir ivoirien. Au plus fort de la crise postélectorale, il avait en effet résisté à Laurent Gbagbo en refusant d’expulser Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié du Golf Hôtel, alors dans le giron public.

B.M.

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