Paul Carvalho perpétue la culture Renault à Tanger
Après avoir participé au lancement de l’usine du constructeur français au Maroc, Paul Carvalho, l’ancien opérateur du site, en a pris les rênes en novembre dernier. Sous sa direction, la production va monter en puissance pour atteindre 200 000 véhicules en 2014.
Tous les mercredis à 15 heures, Paul Carvalho, patron de l’usine Renault de Tanger, accueille les familles des ouvriers invitées par petit groupe à découvrir le site. À chaque fois, le dirigeant met un point d’honneur à participer à ce rendez-vous et à prononcer un mot d’accueil en Darija, le dialecte marocain. Cultiver l’esprit maison est une évidence pour ce pur produit Renault, qui a débuté sa carrière comme opérateur sur les lignes de l’usine de Cléon, en Normandie.
Climat
Il sait aussi qu’un bon climat social est un gage de réussite pour le site industriel de Tanger, le 38ème pour le constructeur au losange, inauguré il y a deux ans par le roi Mohammed VI et Carlos Ghosn, président de l’Alliance Renault-Nissan. Implantée sur une superficie de 300 hectares, dans l’extrême nord du Maroc, à seulement quelques encablures des côtes espagnoles, l’usine assemble les véhicules low cost de la gamme Dacia, dont les derniers nés sont le Dokker et le Lodgy.
Après le lancement en octobre 2013 de la deuxième ligne, la capacité de production du site est désormais portée à 340 000 véhicules par an. L’usine qui a fabriqué 100 000 véhicules en 2013 compte bien faire coup double cette année. Désormais, les véhicules made in morocco de Renault sont exportés vers 60 destinations. « On fait du GPL, de la conduite à droite, on exporte des pièces d’emboutissage vers le Brésil et la Colombie », détaille Paul Carvalho, 52 ans, qui a pris les rênes de l’usine en novembre dernier, après le départ à la retraite du Turc Tunç Basegmez.
Paul Carvalho a un objectif en tête : classer l’usine dans le top 10 des sites industriels de Renault d’ici à 2016.
Recruté en 2009 pour rejoindre le Maroc par Edouard Armalet, responsable du projet de Tanger, qu’il a croisé à l’usine de Cléon, Paul Carvalho a bâti l’ensemble du plan de formation de l’usine. Il a lui-même recruté ses 1000 premiers salariés. Un sacré challenge dans un pays où l’industrie automobile n’existait pratiquement pas il y a encore deux ans.
Parcours
Mais, Paul Carvalho n’est pas homme à se décourager. D’origine portugaise, il est arrivé en France à l’âge de 10 ans avec ses parents pour fuir la dictature d’António de Oliveira Salazar. « Je pense que cet événement a été déterminant dans la construction de ma vie », lâche-t-il.
À 18 ans, muni d’un CAP de dessinateur industriel, il est embauché comme opérateur à l’usine de Cléon situé en Normandie. Curieux, passionné de mécanique, Paul Carvahlo décide de poursuivre ses études en solo. Il passe son baccalauréat, puis un BTS, avant d’être remarqué par François Fresnel, alors patron du Technocentre de Guyancourt, qui l’envoie en formation. Il revient chez Renault comme chef d’équipe.
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À 30 ans, nourri de nouvelles ambitions, il retourne une nouvelle fois en classe pour intégrer l’école des mines de Nancy afin de devenir ingénieur. À son retour, il intègre l’état major de l’usine de Cléon. C’est lui qui sera par exemple chargé de fermer trois des ateliers du site employant 700 personnes.
Pendant deux ans, il s’attèle à la tâche. Aucun licenciement ne sera prononcé grâce aux plan de formations mis en place. Avant de rejoindre le Maroc, l’ancien ouvrier dirigeait le département assemblage de l’usine de Flins, en région parisienne, d’où sortait les Twingo et Clio. Fidèle à son histoire, Paul Carvahlo est sur le point de mettre en place des cours du soir pour les opérateurs de Tanger qui souhaitent continuer à étudier. Une façon, dit-il, de « redonner ce qu’il a reçu ». Avec un objectif en tête : classer son usine dans le top 10 des sites industriels du groupe français d’ici à 2016.
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