Jean-Paul Epenge : « Le M23 a quitté Bunagana, Makenga se trouve en RDC »
Alors que le M23 s’est replié dans les montagnes à la frontière avec l’Ouganda et que ses cadres ont quitté Bunagana, le fief de la rébellion, pour Kampala, le porte-parole du mouvement en Europe, Jean-Paul Epenge, fait le point sur la situation. En exclusivité pour Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Quelle est la situation sur le terrain au cinquième jour de l’offensive des FARDC, appuyée par la brigade internationale ?
Jean-Paul Epenge : La situation est calme. Mais, aujourd’hui [30 octobre] à 11 heures [locales], les troupes du M23 ont quitté Bunagana, avec armes et munitions. Nous nous sommes repliés mais nous restons sur le territoire congolais. Notre stratégie consiste à ne pas se battre contre les éléments de la brigade d’intervention des Nations unies.
Bertrand Bisimwa, le chef politique de votre mouvement, aurait quitté Bunagana pour Kampala. Confirmez-vous cette information ?
Oui, les cadres du mouvement ont quitté Bunagana pour se rendre à Kampala. Des contacts entre les délégués de Kinshasa et ceux du M23 demeurent et les pourparlers continuent. Présentement, le chef de notre délégation, René Abandi, discute avec la médiation pour voir comment finaliser le projet d’accord.
Le M23 serait-il finalement prêt à signer le projet d’accord présenté par le gouvernement congolais à Kampala ?
Kinshasa n’a jamais présenté les choses telles qu’elles sont. Intégration dans les FARDC ? Nous n’en voulons pas ! La plupart de nos soldats sont des jeunes dont les parents vivent encore dans les camps des réfugiés au Rwanda, en Ouganda et ailleurs. Ils ont donc vocation à protéger leurs familles qui sont souvent menacées par les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDRL). Si des dispositions sont prises pour éliminer la menace FDRL, nous nous démobiliserons nous-mêmes.
L’essentiel pour nous, c’est la question de l’amnistie et de la traque des FDRL.
Quant à l’amnistie, nous sommes d’accord mais exigeons une amnistie globale. Pourquoi Kinshasa veut-il exclure Sultani Makenga [chef militaire du M23, NDRL] et certains autres chefs militaires du M23 ? Ils sont certes sous le coup des sanctions des Nations unies, mais ils ne sont pas recherchés par une juridiction internationale.
Concernant l’avenir des chefs politiques, c’est une question subsidiaire : chacun décidera au moment opportun. Cela dépendra de l’accord que nous allons signer. L’essentiel pour nous, c’est la question de l’amnistie et de la traque des FDRL.
Avec la reprise par l’armée de tous les territoires que vous contrôliez, pensez-vous être aujourd’hui en position de force pour poser vos conditions à Kampala ?
Tout le monde insiste sur la solution politique à cette crise. Ce n’est pas pour rien. Nous, nous sommes retirés volontairement pour démontrer notre bonne foi. Nos neuf brigades sont intactes sur des collines. Nous appelons donc la médiation à convoquer les belligérants, sinon nous prendrons nos responsabilités. Il ne sera pas question pour nous d’aller vivre dans les camps des réfugiés.
Pour le M23, la solution passe toujours par les pourparlers de Kampala ?
La solution passe par les négociations. Car même si le M23 disparaît, les problèmes du Congo demeurent. À l’Est, il y a une trentaine de groupes armés qui demeurent actifs.
Où se trouve Sultani Makenga ?
Le général Makenga se trouve toujours sur le territoire national.
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Propos recueillis par Trésor Kibangula
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