La liste noire d’Hillary Clinton

Quatre États, dont trois musulmans, et quarante-quatre organisations, pour la plupart islamistes, figurent dans le rapport annuel du département d’État américain.

Publié le 14 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Officiellement, les « États voyous » ne font plus partie du voca­bulaire du département d’État d’Hillary Clinton. Mais Washington continue de stigmatiser des pays et des organisations avec des critères pour le moins subjectifs. Les « néocons » ont quitté la Maison Blanche mais quatre pays sont encore « black­listés » dans le rapport annuel du département d’État, dont l’Iran, qui remporte la palme de l’État « le plus actif dans le soutien au terrorisme et à des groupes hostiles au processus de paix au Moyen-Orient ». Déjà dans le collimateur pour son programme nucléaire, Téhéran est accusé de soutenir le Hamas et le FPLP palestiniens, le Hezbollah libanais et les talibans afghans, et de ne pas traduire en justice les activistes d’Al-Qaïda arrêtés sur son territoire. Le même reproche est fait à la Syrie, second lauréat musulman de cette liste noire. Le Soudan, malgré des efforts reconnus de collaboration de certains de ses services avec la CIA, est mis aussi au ban. Idem pour Cuba, l’ennemi révolutionnaire de Washington, qui, malgré le relatif retrait de Fidel Castro, continue d’accuser La Havane d’abriter des terroristes (comme ceux des Farc ou de l’ETA).

Du côté des organisations, les Basques de l’ETA côtoient à nouveau les Farc, mais aussi les Irlandais de l’IRA, les Sri Lankais des Tigres tamouls, les Kurdes du PKK ou les maoïstes péruviens du Sentier lumineux. L’éclectisme du dépar­tement d’État est toutefois très relatif : sur les 44 organisations listées, plus des deux tiers sont islamistes ou assimilées. Al-Qaïda et ses « filiales » maghrébines – Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Groupe islamique combattant libyen (GICL) et le Groupe islamique combattant marocain (GICM) –, ainsi que le Hezbollah libanais et la Gamaa al-Islamiya égyptienne sont bien évidemment au premier rang. Le Hamas est également gravé dans ce document depuis 1997. Outre des attaques et des attentats-suicides contre des civils en Israël, on reproche à l’organisation victorieuse des élections palestiniennes de 2006 d’avoir organisé « un coup d’État militaire » contre le Fatah en juin 2007. Mais la récente renonciation tacite de Khaled Mechaal à la fameuse charte du Hamas, qui prône la destruction de l’État d’Israël, pourrait marquer un tournant. Commentant les récents efforts d’Obama pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, le chef en exil du mouvement a en effet souligné, dans une interview au New York Times du 5 mai, « le discours différent et positif » du président américain et demandé que l’on oublie la charte, « vieille de vingt ans », ajoutant que « nous sommes le fruit de nos expériences ». Mais, pour l’heure, le Hamas reste frappé du sceau de l’infamie par Washington, qui interdit son territoire à toute personne en relation avec lui en application du Patriot Act de 2001. « Le gouvernement américain approuve le terrorisme d’État d’Israël contre le peuple palestinien et arabe », a commenté Bruno Rodriguez, chef de la diplomatie cubaine.

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