Mostafa Terrab : « Réduire nos coûts de 30 % à 40 % »

À la tête du numéro un mondial du phosphate, Mostafa Terrab, 54 ans, souhaite augmenter les capacités de production du groupe tout en diversifiant ses activités.

Mostafa Terrab, directeur général du Groupe OCP. © Delphine Warin pour J.A.

Mostafa Terrab, directeur général du Groupe OCP. © Delphine Warin pour J.A.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 20 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de vos quatre premières années à la tête de l’Office chérifien des phosphates (OCP) ?

Mostafa Terrab : Le Groupe OCP a vécu plusieurs transformations majeures. D’abord une mutation juridique, puisque l’Office chérifien des phosphates, initialement public, est devenu en 2008 une société anonyme, Groupe OCP. Notre situation financière s’est améliorée, et nous avons mis en place une nouvelle stratégie destinée à augmenter notre capacité de production dans les mines, la chimie et les engrais. D’ici à sept ans, nous passerons de 30 millions à 50 millions de tonnes de capacité d’extraction de phosphate par an. Et nous avons lancé un appel d’offres pour la construction de deux usines d’engrais à Jorf Lasfar [port marocain à partir duquel l’OCP exporte son phosphate, NDLR], pour lequel nous avons déjà une quinzaine de candidats.

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La chasse aux coûts n’est-elle pas aussi l’une de vos priorités ?

Avec l’amélioration de la ­productivité, l’utilisation de nouvelles techniques d’extraction et de nouveaux process de fabrication d’engrais, nous envisageons de réduire nos coûts de 30 % à 40 %. Notre objectif est d’arriver à moins de 10 dollars la tonne de phosphate, nous n’en sommes plus loin. Ces projets représentent des centaines de millions de dollars d’investissements.

Vous allez presque doubler votre capacité de production. N’est-ce pas trop risqué sur des marchés de matières premières aux cours très volatils ?

Nous allons ajuster notre stratégie de vente au marché du phosphate, car ce dernier est cyclique (la demande en engrais étant dépendante, par exemple, du climat ou de la culture des biocarburants). De temps en temps, il y a des pics de demande et il faut être réactif. Mais la stratégie qui consiste à utiliser toute notre capacité de production et à tout vendre est contre-productive car, parfois, la demande n’est pas au rendez-vous. À l’inverse, la flambée des prix de 2008 était due à un déséquilibre fondamental entre la demande et l’offre : ce déséquilibre venait d’un sous-investissement des producteurs depuis vingt ans, auquel nous souhaitons remédier.

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Où en est votre superprojet de pipeline pour le transport du minerai des mines jusqu’au port de Jorf Lasfar ?

Les appels d’offres ont été lancés il y a quelques semaines. La mise en route du pipeline est prévue pour juin 2012. Il sera enfoui pour ne pas empêcher l’exploitation des terres agricoles en surface. En plein appel d’offres, il serait contre-productif d’indiquer l’enveloppe réservée à ce projet. Ce que je peux dire, c’est que l’on attend un retour sur investissement sur trois ou quatre ans.

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Allez-vous privilégier les entrepreneurs marocains ?

Même en tant que plus grande entreprise du Maroc, nous avons compris que notre compétitivité dépendait de celle des entreprises locales. Le Groupe OCP doit donc leur donner les moyens d’accroître leur propre productivité en leur offrant des opportunités sur les marchés de la construction, de la sous-traitance ou de l’ingénierie industrielle pour qu’elles affinent leur savoir-faire et leur compétitivité.

Vous avez un projet de parc éolien, n’est-ce pas surprenant ?

Nous sommes effectivement en train de discuter avec des entreprises marocaines du secteur de l’énergie éolienne. Nous n’écartons pas l’idée de devenir nous-mêmes producteurs et d’ouvrir une filiale « Utilities », qui regrouperait les secteurs eau, énergie et environnement. Ce ne serait qu’une opération juridique puisque nous sommes déjà producteurs d’énergie, avec la récupération des vapeurs de nos usines, et d’eau, avec une usine de dessalement à Laayoune et deux autres projets à l’étude à Safi et à Jorf Lasfar.

Y a-t-il d’autres filialisations envisagées ?

La construction d’un nouveau port, à Safi, pourrait être l’occasion d’une diversification dans les opérations portuaires, ou du moins d’y être associé. Pour l’instant, nous sommes en discussion avec les autorités.

Propos recueillis à Rabat par Michael Pauron

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