Taxi blues

La comédie musicale de la Sénégalaise Dyana Gaye nous convie à un voyage en taxi-brousse en compagnie de personnages pittoresques. Sur fond de soul, de blues et de pop.

Scène d' »Un transport en commun », de Dyana Gaye. © D.R.

Scène d' »Un transport en commun », de Dyana Gaye. © D.R.

Renaud de Rochebrune

Publié le 17 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Depuis le renouveau du documentaire ces dernières années, il est devenu courant de se demander quel genre cinématographique est le plus apte à rendre compte de la réalité dans laquelle nous vivons. On en conclut le plus souvent que, si tout dépend bien sûr du talent du réalisateur, la fiction, paradoxalement, ne part pas perdante face au documentaire pour nous faire sentir l’air du temps. Deux longs-métrages, l’un du Sénégal et l’autre de Guyane, relancent ce débat : faut-il qu’un film soit réaliste, même s’il s’agit d’une œuvre de fiction, pour nous faire comprendre le vécu d’une population, d’une région ou d’un pays ?

La réalisatrice sénégalaise Dyana Gaye, déjà remarquée pour ses courts-métrages originaux, tranche le débat en images, en musique et en pas de danse. Dans Un transport en commun, elle nous convie à un voyage en taxi-brousse en compagnie d’une galerie de personnages très colorés. Cette expédition pleine de péripéties entre Dakar et Saint-Louis est un enchantement qui prend la forme d’une comédie musicale à la Jacques Demy. De Malick, qui va saluer sa fiancée avant le grand départ pour l’émigration en Italie, à Mme Barry, l’opulente et imposante patronne d’un salon de coiffure de la capitale qui veut retrouver ses enfants, qu’elle a négligés depuis des années au profit de sa carrière, les sept passagers du taxi nous content chemin faisant divers aspects de la vie dans la société sénégalaise contemporaine. Le plus souvent lors d’arrêts imprévus, en dansant et en chantant des textes – tous écrits par la cinéaste – sur des musiques qui vont de la soul au blues en passant par le jazz ou la pop des années 1960 et 1970.

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Marc Barrat, qui réalise avec Orpailleur son premier long-métrage et le premier de la Guyane, a choisi pour sa part de raconter sur un mode plutôt réaliste une histoire qui se passe dans le milieu des chercheurs d’or de l’Amazonie. Son « héros », installé en France­ métropolitaine depuis longtemps mais revenu « au pays » à la suite de la disparition de son frère donné pour mort, a décidé d’éclaircir ce mystère en infiltrant un réseau d’orpaillage dirigé par des Blancs exploiteurs d’une main-d’œuvre misérable et prêts à tout pour protéger leur commerce illégal. Une enquête mouvementée qui nous vaut un magnifique voyage au cœur de la forêt la plus extraordinaire de la planète. Mais l’envie du cinéaste de nous montrer la terrible réalité de ce fléau que représentent les chantiers clandestins de métal jaune a donné un aspect artificiel à son polar. Il frôle même de temps en temps le style « Tintin en Amazonie », en mettant en scène des personnages qui, à se vouloir emblématiques, finissent par tomber dans la caricature. D’où, en fin de compte, un film moins parlant sur la situation qu’il décrit qu’une comédie musicale comme celle de Dyana Gaye ! 

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