Mauritanie : une explosion et des questions
L’armée neutralise un groupe de djihadistes qui s’apprêtaient à commettre une série d’attentats dans le pays.
La déflagration a retenti jusqu’au Ksar, dans le centre de Nouakchott. L’armée avait pourtant tiré l’obus à une dizaine de kilomètres, entre les dunes de Riyad, à la lisière de la capitale mauritanienne. Mais selon les déclarations du ministère de la Défense, le 4×4 visé était lourdement chargé : outre trois combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), il transportait 1,5 tonne d’explosifs.
L’épisode, qui a valu des couronnes de lauriers aux troupes mauritaniennes – une « opération qualitative qui a sauvé de nombreuses vies et évité au pays beaucoup de dégâts », selon l’agence de presse officielle –, remonte au 2 février. Ce jour-là, peu après 2 heures du matin, des militaires dissimulés derrière les dunes, à Riyad, guettent un véhicule. Le 29 janvier, l’armée avait été avertie du passage à vive allure à Bassiknou, dans l’est du pays, d’une colonne de trois 4×4. Plus tard, à Sélibaby, dans la vallée du fleuve Sénégal, les véhicules auraient même grillé un poste de contrôle. L’armée, obnubilée par le péril Aqmi qui frappe la Mauritanie depuis 2007, décide de recourir à des moyens aériens. Traqués par un hélicoptère et un avion de reconnaissance, les trois véhicules se séparent. Un des 4×4 est abandonné par ses occupants à quelque 200 km de Nouakchott. Un autre est arrêté le 1er février en fin de journée. Deux de ses trois passagers réussissent à prendre la fuite, à pied, et le troisième est interpellé. Il reste donc un véhicule. L’armée le « canalise » vers Nouakchott, où elle prépare l’embuscade. Puis c’est l’explosion de Riyad. Elle tuera les trois occupants du 4×4 et blessera huit militaires mauritaniens.
Au final, l’armée a donc appréhendé un terroriste. Lors d’une conférence de presse donnée le 2 février, le ministre mauritanien de la Défense a expliqué que ses aveux avaient permis de déterminer les intentions d’Aqmi : un attentat contre l’ambassade de France à Nouakchott – déjà visée, en août 2009, par un kamikaze, le seul à avoir péri dans l’explosion – et un autre contre une caserne militaire. Mais selon un porte-parole d’Aqmi cité par Mohamed Ould Khattat, rédacteur en chef de l’Agence Nouakchott d’information, les terroristes visaient « la personne du président », Mohamed Ould Abdelaziz, et auraient décidé de se faire exploser en voyant approcher les militaires. Aqmi aurait prévu de diffuser leurs « testaments » afin de prouver leurs intentions. Une thèse jugée farfelue par une source occidentale.
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