Mauritanie : une explosion et des questions

L’armée neutralise un groupe de djihadistes qui s’apprêtaient à commettre une série d’attentats dans le pays.

Publié le 15 février 2011 Lecture : 2 minutes.

La déflagration a retenti jusqu’au Ksar, dans le centre de Nouakchott. L’armée avait pourtant tiré l’obus à une dizaine de kilomètres, entre les dunes de Riyad, à la lisière de la capitale mauritanienne. Mais selon les déclarations du ministère de la Défense, le 4×4 visé était lourdement chargé : outre trois combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), il transportait 1,5 tonne d’explosifs.

L’épisode, qui a valu des couronnes de lauriers aux troupes mauritaniennes – une « opération qualitative qui a sauvé de nombreuses vies et évité au pays beaucoup de dégâts », selon l’agence de presse officielle –, remonte au 2 février. Ce jour-là, peu après 2 heures du matin, des militaires dissimulés derrière les dunes, à Riyad, guettent un véhicule. Le 29 janvier, l’armée avait été avertie du passage à vive allure à Bassiknou, dans l’est du pays, d’une colonne de trois 4×4. Plus tard, à Sélibaby, dans la vallée du fleuve Sénégal, les véhicules auraient même grillé un poste de contrôle. L’armée, obnubilée par le péril Aqmi qui frappe la Mauritanie depuis 2007, décide de recourir à des moyens aériens. Traqués par un hélicoptère et un avion de reconnaissance, les trois véhicules se séparent. Un des 4×4 est abandonné par ses occupants à quelque 200 km de Nouakchott. Un autre est arrêté le 1er février en fin de journée. Deux de ses trois passagers réussissent à prendre la fuite, à pied, et le troisième est interpellé. Il reste donc un véhicule. L’armée le « canalise » vers Nouakchott, où elle prépare l’embuscade. Puis c’est l’explosion de Riyad. Elle tuera les trois occupants du 4×4 et blessera huit militaires mauritaniens.

la suite après cette publicité

Au final, l’armée a donc appréhendé un terroriste. Lors d’une conférence de presse donnée le 2 février, le ministre mauritanien de la Défense a expliqué que ses aveux avaient permis de déterminer les intentions d’Aqmi : un attentat contre l’ambassade de France à Nouakchott – déjà visée, en août 2009, par un kamikaze, le seul à avoir péri dans l’explosion – et un autre contre une caserne militaire. Mais selon un porte-parole d’Aqmi cité par Mohamed Ould Khattat, rédacteur en chef de l’Agence Nouakchott d’information, les terroristes visaient « la personne du président », Mohamed Ould Abdelaziz, et auraient décidé de se faire exploser en voyant approcher les militaires. Aqmi aurait prévu de diffuser leurs « testaments » afin de prouver leurs intentions. Une thèse jugée farfelue par une source occidentale. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires