Énergie : le groupe Matelec veut électriser l’Afrique
Bien implanté en Algérie et en Égypte, le groupe libanais Matelec cherche à se développer au sud du Sahara. Il doit signer dans les prochains jours un contrat pour la construction d’une centrale de 80 MW au Sénégal.
Brancher l’Afrique. C’est le nouvel objectif du groupe libanais Matelec, spécialisé dans la transmission et la distribution d’électricité (construction de centrales, fabrication de transformateurs, sous-stations électriques…). Très actif dans les pays émergents, il opère aussi bien en Jordanie qu’en Syrie ou en Irak, où il vient d’installer, avec des financements de l’agence de développement japonaise (Jica), des transformateurs et des sous-stations mobiles dans la région du Kurdistan. « La population locale bénéficie désormais de dix-huit heures d’électricité par jour, contre quatre auparavant », précise Sami Soughayar, son directeur général.
Aujourd’hui, c’est au tour de l’Afrique, notamment au sud du Sahara, de profiter d’une accélération de la stratégie de Matelec. « L’énergie électrique est rare sur le continent, les besoins sont énormes. À titre de comparaison, un Africain consomme 300 kilowattheures par an, un Européen entre 10 000 et 20 000 kWh », note Soughayar.
En 2010, le groupe a réalisé 400 millions de dollars (près de 302 millions d’euros) de chiffre d’affaires (CA). Mais si son actionnariat est 100 % libanais – la famille Doumet (Lebanon Chemicals) possède 55 % du capital, le reste étant détenu par la famille Moretti et Sami Soughayar –, il décroche 95 % de son CA à l’export. L’Arabie saoudite, l’Irak, l’Algérie, la Syrie et la France (Matelec fournit Alstom et EDF) totalisent 60 % de ses ventes. « L’Afrique représente 30 % de notre chiffre d’affaires aujourd’hui ; nous visons les 50 % dans les trois prochaines années », précise le directeur général.
L’énergie électrique est rare sur le continent, les besoins sont énormes.
Producteur indépendant
D’ici à une dizaine de jours, Matelec s’apprête à signer un contrat avec les autorités sénégalaises pour la construction d’une centrale électrique de 80 MW. Un chantier qui prendra dix-huit à vingt-quatre mois et mobilisera un investissement de 100 millions d’euros. Les bailleurs internationaux (dont la Banque africaine de développement et la Banque ouest-africaine de développement) vont débloquer 75 % du financement, et le groupe libanais les 25 % restants. Dans le jargon de la profession, Matelec sera un producteur d’électricité indépendant (independent power producer, IPP) qui exploitera le site en mode Build-Own-Operate (BOO). « Nous construirons la centrale, la financerons, la gérerons, et l’État nous achètera l’électricité », traduit Sami Soughayar.
Matelec n’est pas un nouveau venu dans le pays. Il opère déjà selon le même principe une centrale électrique de 67,5 MW à Kounoune (région de Dakar) depuis 2008. Des investissements qui sont rentabilisés en dix à quinze ans.
Autre chantier actuel sur le continent : une centrale en cours de construction à Thika, à 40 km de Nairobi, au Kenya. D’une capacité de 80 MW, elle sera opérationnelle en septembre 2012. Matelec est également présent au Nigeria avec deux projets de sous-stations, des investissements de 60 millions d’euros. Et ce n’est pas tout. Le groupe s’est doté il y a une quinzaine d’années d’une structure d’ingénierie qui participe à des appels d’offres pour la réalisation d’infrastructures de production d’électricité clés en main. « En Afrique, nous sommes sur quinze à vingt projets d’appels d’offres » de ce type, précise Sami Soughayar. « Ces projets sont lourds, l’industriel doit apporter son expertise et le financement, et l’État doit garantir un environnement sécurisé. »
Le chiffre d’affaires est réalisé à 95% à l’export
Les visées de Matelec s’étendent au Cameroun, au Bénin, en Ouganda, en Éthiopie, au Ghana, en Afrique du Sud et dans tous les pays africains qui ouvriront leur secteur de l’énergie aux opérateurs privés. L’Algérie, porte d’entrée du groupe sur le continent (il y est présent depuis douze ans), n’est pas oubliée. Car si l’entreprise possède des usines au Liban, en Jordanie, en France et, bientôt, en Arabie saoudite, elle en a aussi en Égypte et surtout en Algérie, où elle compte cinq sites de production pour assurer les besoins du pays.
Matelec prévoit de moderniser et d’augmenter la production des sites algériens (pylônes, câbles, équipements de production…) en consacrant 40 à 50 millions d’euros à chacun d’eux. La construction d’une nouvelle usine de fabrication de transformateurs électriques est également au programme ; elle devrait être opérationnelle d’ici douze à dix-huit mois. « Notre culture libanaise, ou phénicienne, nous permet de nous intégrer et de comprendre les cultures différentes », assure Sami Soughayar.
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