L’Afrique en force à Vienne

Après les concerts remarqués de Salif Keïta et de Youssou N’Dour, les 17 et 18 avril derniers, dans une salle Pleyel pleine à craquer, les hérauts de la musique africaine investissent les scènes estivales. Et pas n’importe lesquelles. Les plus visibles du jazz. L’une des meilleures affiches sera celle du festival organisé du 27 juin au 10 juillet dans le Théâtre Antique de Vienne, dans le département de l’Isère.

Publié le 3 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Simplement intitulée « Africa », la soirée d’ouverture en dit long sur l’émergence du continent dans ce rendez-vous connu et attendu de tous les mélomanes. Durant quatre heures, les spectateurs ayant investi le site historique verront défiler Youssou N’Dour et la malienne Oumou Sangare encore sous le succès de son nouvel album « Seya », sorti en mars. Surtout, ils pourront découvrir ou redécouvrir Cheick Tidiane Seck, qui échangera avec son complice et ami, l’américain Hank Jones.

Pour le plaisir de tous, Jones, qui sera également tête d’affiche de la soirée du 30 juin, recréera avec la légende malienne l’atmosphère intimiste de ce joyau qu’est « Sarala », album de musique ouest-africaines qui croula sous les louanges unanimes de la critique lors de sa sortie en 1995.

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Tout a été dit sur Jones. Pianiste au touché si rare que ses dix doigts ont déroulé les moments les plus majestueux de l’histoire du jazz. Emmener un seul de ses disques sur une île déserte et vous vous retrouvez immanquablement avec « Something Else » (Blue Note) où, aux côtés du saxophoniste Julian « Cannonball » Adderley et de Miles Davis, il grave une interprétation magistralement arabisante d’Autumn Leaves, tiré du poème de Jacques Prévert.

A 92 ans, le seul survivant de la lignée des Jones après le décès de ses frères Thad (trompettiste) et Elvin (batteur), ne manquera pas d’inventer un nouveau merveilleux dialogue afro-américain (*).

Angélique Kidjo chantera le 8 juillet en rendant un hommage appuyé à Nina Simone. Jazz créolisé également avec le savoureux piano du martiniquais Mario Canongue, mais aussi la flûte ensorceleuse de l’Ivoirien Majic Malik.

Après l’élection de Barack Obama, on pouvait légitimement penser que la Béninoise offrirait un répertoire axé sur les grandes luttes des Noirs-Américains en musique. Sa prestation rendra en fait un hommage à Eunice Waynon, autrement dit Nina Simone. Après l’Afrique, les Etats-Unis, le Brésil, l’auteure d’Oremi s’attaque à une légende au caractère trempé, qui n’a jamais renié l’Afrique tout au long de sa carrière. Encore moins bradé son art jusqu’à sa mort en 2003.

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Le saxophoniste Archie Shepp, disciple de John Coltrane, n’est pas africain, mais il porte un amour irrésistible pour ce continent. Il se produira, lui aussi pour une soirée mémorable le 10 juillet aux côtés du nigérian Seun Kuti, fils de Fela, et son groupe Fela’s Egypt 80. Cette saga africaine au cœur d’un festival de renommée internationale n’est plus une tendance, mais la confirmation que « musique africaine » ne rime plus exclusivement avec la « World », ce pagne étriqué, ethnicisé et parfois indigeste dans lequel elle a trop souvent été piégée. Les artistes africains surgissent au cœur de la musique dans ce qu’elle a d’universel. On ne s’en plaindra pas.

Voir sur le site : www.jazzavienne.com

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(*) Hank Jones et Cheick Tidiane Seck se produiront également à Paris, le 12 septembre, dans le cadre du Festival de Jazz de la Villette.

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