La corruption se porte bien en Afrique…sauf au Rwanda
Dans un rapport publié le 23 septembre, l’organisation Transparency International (TI) s’alarme de l’ampleur de la corruption dans le secteur privé. Ces pratiques, récurrentes en Afrique, concernent tous les acteurs du monde économique. Du simple entrepreneur…jusqu’aux banques nationales. Toutefois, la situation de certains pays comme le Rwanda progresse nettement.
Avec la publication de son dernier rapport intitulé « Global Corruption Report 2009 : Corruption and the Private Sector (GCR) », l’ONG Transparency International (TI) en appelle à tous les dirigeants et leurs gouvernements pour lutter contre des pratiques devenues monnaie courante.
Certes, le phénomène de la corruption touche certaines zones géographiques plus que d’autres, mais le rapport conclut que le recours aux pots-de-vin et autres trafics d’influence entravent l’économie mondiale en empêchant une croissance durable, et ce à très grande échelle.
40 milliards de dollars de pots-de-vin par an dans le monde
Les pays en développement ou en transition décrochent la palme de la corruption, avec – selon les données fournies par les 80 experts interrogés – 20 à 40 milliards de dollars de pots-de-vin versés…annuellement par les sociétés en relation avec des fonctionnaires ou des politiciens corrompus.
Sur 180 pays, les pays africains, qui sont regroupés sous le signe Afrique sub-saharienne et Moyen-Orient, sont en bas de tableau, parmi les plus corrompus, selon un indice de perception de la corruption. A titre d’exemple, les Etats-Unis, perçus comme peu corrompus, sont au 18e rang, tandis que le Zimbabwe est 166ème, le Nigeria 121ème, le Kenya 147ème, l’Ethiopie 126ème ou encore le Cameroun, 141ème.
A chaque pays ses spécificités, puisqu’au Zimbabwe il existe une « corruption de la survie », qui apparaît comme une activité « peu risquée et fortement rentable » mais qui contribue aussi très largement au blocage de l’économie locale. Ailleurs, la corruption est en vigueur à plusieurs niveaux. Au Cameroun, elle est particulièrement présente dans la passation des marchés publics. « De nombreuses entreprises, en particulier les fournisseurs et les entrepreneurs souhaitant fournir des biens et des services à l’État, ont dû effectuer des paiements non officiels comme condition pour remporter des contrats », précise le rapport.
En Ethiopie, une arnaque révélée en 2008 était visiblement en place depuis 2005 : les réserves d’or de la Banque Nationale Ethiopienne (BNE) étaient en réalité constituées de barres d’acier plaquées en or. « L’enquête a révélé qu’un négociant avait reçu, à lui seul, environ 3 millions de dollars pour les 239 kg d’or falsifié qu’il avait vendus à la BNE. »
Avancées notoires du Rwanda
Pourtant, le rapport de Transparency International (TI) fait état d’avancées notoires dans certains pays africains, et notamment au Rwanda (102ème rang), cité en exemple pour les mesures prises en matière de lutte contre le fléau. « Au Rwanda, les dirigeants sont particulièrement déterminés à progresser dans la lutte contre la corruption, et à agir de façon très ferme en cas de comportements délictueux », a ainsi déclaré à la presse Johannes Zutt, directeur de la Banque Mondiale pour plusieurs pays d’Afrique de l’Est, présent lors de la présentation du rapport de TI au public.
A l’inverse, « le Kenya ne dispose d’aucune loi efficace permettant de criminaliser le blanchiment des produits du trafic de drogue, de la vente d’armes illégale et d’autres délits », souligne le rapport, qui insiste sur la nécessité d’une prise de conscience de la part des dirigeants. « Tout dépend des dirigeants », a commenté Job Ogonda, directeur exécutif de TI pour le Kenya. « Si l’action ne démarre du plus haut niveau, toutes les dispositions légales restent lettre morte », a-t-il lancé lors de la présentation du rapport.
Du côté du Maghreb, le Maroc, qui se classe 80ème, accuse un retard dans l’application de la Convention des Nations-Unies contre la corruption, signée en 2003. Les experts notent en outre une attitude "passive" des autorités, peu promptes à agir contre les fraudeurs, car peu convaincues de l’efficacité d’une action.
La corruption y est particulièrement virulente dans le bâtiment. "Ce secteur réunit plus de 300 professions, ce qui sous-entend un large dispositif bureaucratique. Plus la chaîne est longue, plus elle a de chances de comporter des maillons faibles", relève le rapport.
Les citoyens, les premières victimes
En conclusion de ces 362 pages alarmantes, Transparency rappelle que les simples citoyens sont les premières victimes collatérales de la corruption dans le secteur privé, puisque c’et sur les consommateurs que se répercutent les frais engagés dans les systèmes de financement occultes.
Ainsi, entre 1990 et 2005, les consommateurs ont payé un surcoût de l’ordre de 300 milliards de dollars à près de 300 cartels privés internationaux…
Pour aller plus loin, consultez :
– Le Rapport de Transparency International 2009 en français
– Rapport de Transparency sur la perception de l’opinion publique sur la corruption, pays par pays et en français. Eloquent.
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