Dadis réellement « hors de danger » ?

Les autorités guinéennes affirment que le chef de la junte, hospitalisé au Maroc depuis vendredi, est « hors de danger ». Mais le doute plane sur ces affirmations.

Publié le 8 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

L’incertitude se prolonge en Guinée sur l’état de santé réel du chef de la junte qui, selon la version officielle, a été opéré avec succès au Maroc mais restait lundi dans l’incapacité de communiquer, quatre jours après avoir été blessé par son aide de camp toujours en fuite.

Le capitaine Moussa Dadis Camara a subi « une intervention chirurgicale d’un traumatisme crânien », a expliqué depuis Rabat le ministre guinéen des Affaires étrangères, Alexandre Cécé Loua, dans une interview diffusée lundi par Radio France Internationale (RFI). Le ministre a répété avec insistance que le président autoproclamé était « hors de danger ».

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Mais ses propos n’ont fait qu’alimenter des doutes. Car selon M. Cécé Loua, le capitaine « reconnaît son entourage » mais « ne peut pas encore communiquer » ni tenir une conversation.

« Il évolue bien »

A la question « est-ce que les médecins évoquent d’éventuelles séquelles? », le ministre a répondu: « Pas pour le moment. Peut-être qu’ils vont nous le dire plus tard. (. . . ) Ce qui est sûr, c’est qu’il évolue bien ».

Le capitaine Camara – porté au pouvoir par l’armée en décembre 2008, au lendemain de la mort des suites de maladie du dictateur Lansana Conté (1984-2008) – a été blessé à la tête, jeudi à Conakry, par son aide de camp Aboubacar « Toumba » Diakité, qui a ouvert le feu sur lui.

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Le porte-parole du chef de la junte, Idrissa Chérif, avait assuré à la presse que, seulement « frôlé » par une balle, le capitaine avait « fait le mort » au moment de l’attaque et qu’il « marchait » lorsqu’il avait pris l’avion pour Rabat.

Versions contradictoires

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« Ne vous fiez pas (aux) versions officielles », a pourtant conseillé lundi un haut fonctionnaire, contestant les propos jugés « fantaisistes » du porte-parole. « Dadis était inconscient quand il a été emmené » vers l’infirmerie du camp Samory Touré, a-t-il assuré, croyant également savoir qu’il était « arrivé dans un état comateux » au Maroc.

Dans l’hebdomadaire satirique Le Lynx, le journaliste Souleymane Diallo ironisait: « Les autorités nous disent que Dadis est parti "debout" au Maroc mais s’il est en si bonne santé, on se demande bien pourquoi il est parti… »

Dans la capitale, le ministre de la Défense, Sékouba Konaté – réputé très discret – assume la transition. Longtemps considéré comme un fidèle de Dadis, Sékouba Konaté a vu ses relations avec ce dernier se détériorer quand le chef du CNDD a commencé à afficher son goût pour le pouvoir et à entretenir le doute autour de ses véritables intentions. Le fossé entre eux s’est encore creusé après les massacres du 28 septembre.
 
Début octobre, Dadis s’était fermement opposé à l’arrestation, ordonnée par le général Konaté, du lieutenant Toumba, considéré comme le principal commanditaire des tueries du stade de Conakry.

Toumba wanted

Les rumeurs sur la localisation de Toumba, toujours en fuite, galopaient: des témoins croyaient même l’avoir vu « samedi soir, dans un 4×4 garé devant un bar de Conakry où des militaires chargeaient des caisses de bière ». Dimanche soir, un hélicoptère avait survolé la ville, tandis que des barrages routiers étaient mis en place et des patrouilles menées.

« Je suis en ce moment-même en mission pour rechercher Toumba à Conakry mais d’autres militaires le traquent dans le pays », a assuré lundi midi à l’AFP un jeune militaire. « Si je vois Toumba, je vais être le premier à l’assassiner, parce qu’il a tué au "coupe-coupe" mon patron, le chef du service des opérations qui protégeait Dadis », a ajouté ce soldat.

Sous couvert de l’anonymat, un commissaire a relaté de son côté à l’AFP: « Samedi, des militaires s’en sont violemment pris aux policiers présents à la DST (Direction de la surveillance du territoire, renseignements) qu’ils ont obligés à se mettre à genoux ou à plat ventre, parce qu’ils disaient que Toumba se cachait quelque part dans nos locaux ».

La population, elle, semblait réticente à collaborer aux recherches, malgré une « forte récompense » promise. « Les militaires n’ont qu’à régler leurs affaires entre eux. Nous, nous voulons leur départ du pouvoir », assurait un étudiant de 21 ans, comme de nombreux autres habitants interrogés.

(avec AFP)

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