Hissène Habré bientôt devant la justice ?
Dix ans après les premières actions engagées pour obtenir l’inculpation de l’ancien président tchadien, ses victimes réclament toujours un procès.
Me Jacqueline Moudeina, l’avocate des victimes d’Hissène Habré a demandé lors d’une conférence organisée par les victimes, ainsi que plusieurs ONG et des associations de défense des Droits de l’Homme mercredi 3 février à N’Djamena, que l’ex-président tchadien soit enfin jugé. Cette semaine marque le 10e anniversaire de la mise en accusation de l’ancien chef d’Etat pour "crimes contre l’humanité". A cette occasion, les victimes organisent une "semaine contre l’impunité" et multiplient les actions.
Hissène Habré, qui vit à Dakar depuis sa chute en 1990, est accusé d’être le résponsable de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique durant ses années de pouvoir (1982-1990). Il est poursuivi pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture".
Lutter contre l’impunité
"C’était exactement le 3 février 2000. Nous avions engagé des actions pour obtenir l’inculpation de celui qui a fait disparaître plus de 40.000 personnes. Mais nous avons le regret de constater que Hissène Habré n’est toujours pas jugé pour ses crimes, alors que les victimes continuent à mourir. L’inculpation d’Hissène Habré et ses complices est une condition pour lutter contre l’impunité et parvenir à une véritable réconciliation au Tchad", a affirmé Me Jacqueline Moudeina.
De son côté, Me Mahamat Hassan Abakar, ancien président de la Commission d’enquête sur les crimes d’Hissène Habré (décembre 1990-mai 1992), accuse les autorités tchadiennes de laxisme. "Si les autorités avaient la volonté d’aider les victimes à obtenir réparation, Hissène Habré serait déjà jugé. Comme ses complices sont devenus utiles pour les autorités actuelles, ils sont non seulement restés impunis mais ils continuent toujours à tuer", a-t-il déclaré.
La France, prête à aider
Hissène Habré a été mis en accusation pour la première fois le 3 février 2000 par un juge sénégalais, avant que la justice sénégalaise ne se déclare incompétente. En juillet 2006, l’Union africaine a donné mandat au Sénégal de le juger. Ce procès n’a pas encore démarré.
La France est prête financièrement à prendre "sa part dans le soutien qui sera apporté au Sénégal" pour l’organisation du procès, a indiqué mercredi à Paris le ministère des Affaires étrangères. "Nous souhaitons que ce procès puisse avoir lieu rapidement et dans de bonnes conditions", a dit lors d’un point-presse son porte-parole, Bernard Valero. (avec AFP)
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