Mahamadou Danda, Premier ministre de consensus

Les militaires auteurs du coup d’Etat au Niger n’ont pas tardé à installer un civil à la tête de l’éxecutif pour, assurent-ils, préparer rapidement la transition et revenir à un ordre démocratique. Leur choix : Mahamadou Danda, un homme du sérail, mais sans étiquette politique.

Un « béret vert » dans les rue des Niamey, peu après le coup d’Etat, le 22 février 2010 © Reuters

Un « béret vert » dans les rue des Niamey, peu après le coup d’Etat, le 22 février 2010 © Reuters

Publié le 24 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Mahamadou Danda est le nouveau Premier ministre nigérien. Un civil pour contrebalancer le pouvoir présidentiel accordé au chef de la junte, Salou Djibo ? Pas sûr, car ce dernier est chef de l’Etat et du gouvernement, c’est-à-dire qu’il a le pouvoir de nommer et de destituer les ministres – y compris le Premier d’entre eux.

Selon plusieurs observateurs, Mahamadou Danda a été choisi pour sa position neutre à l’égard des partis politiques du pays. Le nouveau Premier ministre revendique cette indépendance, et confirme n’être affilié à aucune mouvance. "Je n’ai la carte d’aucun parti et n’assiste à aucun meeting politique", explique-t-il. A se demander si c’est bien un homme politique qui parle… Quoi qu’il en soit, ses nouvelles fonctions le placent en position d’interlocuteur privilégié pour toutes les formations politiques du pays.

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Sa mission : rassurer à la fois la société civile nigérienne et la communauté internationale. "Sa nomination est un signe que les militaires n’ont pas l’ambition de rester au pouvoir", affirme un responsable nigérien. En outre, son nom n’est pas inconnu aux Nigériens. C’est un homme du sérail, qui connaît bien les arcanes du régime.

Politiquement inactif depuis dix ans

Entré tôt en politique, Danda fait ses armes dans les années 1970 au service du général Seïni Kountché, qui a mis en place un régime militaire. Il est alors secrétaire permanent du Conseil supérieur d’orientation nationale (CSON), l’organe de direction du régime. Il occupe aussi, un temps, le poste de secrétaire administratif du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), le parti unique du pays. De 1987 à 1988, il obtient le portefeuille des Ressources animales et de l’Hydraulique dans le gouvernement du général Ali Saïbou, successeur de Seïni Kountché.

Onze ans plus tard, Mahamadou Danda est de retour au sein du gouvernement, occupant cette fois le fauteuil de ministre des Sports, de la Culture et de la Communication. Des fonctions auxquelles vient s’ajouter celle de porte-parole du gouvernement de transition, au moment où le coup d’Etat contre le général Ibrahim Baré Maïnassara porte à la tête du gouvernement le commandant Daouda Mallam Wanké.

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Ces dix dernières années, Mahamadou Danda évoluait en marge des sphères politiques, en tant que conseiller politique à l’ambassade du Canada à Niamey. "Je ne suis pas actif politiquement mais je fais des analyses politiques en tant que technicien", résume-t-il sobrement.

Restaurer la démocratie

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Né en 1951 à Tahoua, dans l’ouest du pays, ce père de six enfants est diplômé de l’ENA de Niamey. Il a ensuite étudié au Burkina Faso puis au Canada, avant d’obtenir un doctorat en sciences politiques à Bordeaux, en France.

Il estime avoir été choisi par la junte "parce que considéré comme en retrait de la scène" politique. Selon Abdourahamane Ousmane, du Réseau des journalistes pour les droits de l’Homme (RJDH), qui affirme avoir déjà travaillé avec lui, il est "sérieux, efficace et très méthodique".

"Ma priorité c’est principalement la restauration de la démocratie", a-t-il expliqué le 23 février.
Mais s’il affirme avoir réclamé à la junte, au pouvoir depuis le renversement de Mamadou Tandja, le 18 février dernier, "des garanties nécessaires pour être sûr de m’engager dans un processus devant aboutir à la restauration réelle de la démocratie", il ne précise pas la nature desdites garanties.

Les militaires putschistes ont suspendu la Constitution très controversée d’août 2009, dissous le gouvernement et annoncé la tenue d’élections à l’issue d’une période de transition dont la durée n’a pas été déterminée.
 

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