Douze Belges sur la sellette pour l’assassinat de Lumumba
Trois membres de la famille de l’ex-Premier ministre congolais Patrice Lumumba ont l’intention de porter plainte contre douze personnes de nationalité belge, qu’ils accusent d’avoir participé, en 1961, à l’arrestation et à l’assassinat du premier Premier ministre de l’actuel RD Congo.
La famille de Patrice Lumumba ne veut pas laisser l’assassinat de ce dernier impuni. Trois de ses proches, dont ses deux fils Guy et François Lumumba, prévoient de déposer une plainte au pénal avec constitution de partie civile à Bruxelles, en octobre prochain. Celle-ci devrait viser douze Belges, dont les noms n’ont pas été divulgués, la presse bruxelloise se bornant à les qualifier de « personnalités militaires » et « politiques ». Ces personnes sont soupçonnées d’être complices de l’arrestation puis de l’assassinat de l’ancien Premier ministre congolais, survenu le 17 janvier 1961 au Katanga – une province congolaise alors en sécession.
« C’est un père que je cherche, un père que j’aime toujours, et je veux savoir pourquoi il a été tué. On vise les assassins. En Belgique, ils sont douze, ils sont vivants et nous voulons qu’ils répondent de ces actes ignobles devant la justice », a expliqué, mardi 22 juin lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Guy Lumumba.
Les présumés complices étaient « présents à ce moment-là » sur les lieux du drame, à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi, la capitale de la province du Katanga), accuse Me Christophe Marchand, l’avocat de la famille. La plainte portera sur des faits présumés de « crimes de guerre », tels que le « transfert illégal » de Lumumba depuis Léopoldville (Kinshasa), effectué dans des circonstances demeurées obscures. Des faits que l’avocat des proches du héros national a jugés « imprescriptibles », même après 49 ans.
Responsabilités individuelles
C’est sur une commission d’enquête parlementaire belge, datant de 2001 et qui concluait à la responsabilité morale de la Belgique, que se fonde la plainte. Le gouvernement avait alors présenté les excuses de la Belgique au Congo pour l’assassinat de Lumumba. Des regrets qui ne satisfont pas les futurs plaignants, pour qui les événements ne sont pas assez clairs pour qu’ils puissent accepter de simples excuses. « Il fallait aller au-delà de la simple responsabilité collective. Il y avait des éléments pour pointer des responsabilités individuelles », a expliqué Me Marchand, dans le quotidien Le Soir.
Après la prise du pouvoir de Joseph-Désiré Mobutu par un coup d’État le 24 novembre 1965, Lumumba fut assassiné par des responsables du Katanga, région minière qui fit un temps sécession, avec le soutien de l’ancienne puissance coloniale belge. Les forces de sécurité belges ont été accusées d’avoir à tout le moins couvert l’opération.
Patrice Emery Lumumba fut le premier Premier ministre de la RD Congo de juin à septembre 1960. Il est, avec Joseph Kasa-Vubu – le premier président congolais -, l’une des principales figures de l’indépendance du pays. L’annonce de cette prochaine procédure judiciaire intervient alors que l’ancien Congo belge fêtera, le 30 juin, le 50e anniversaire de son indépendance, en présence du roi des Belges, Albert II.
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