Décès d’Armand Tungulu : une mystérieuse plainte déposée à Kinshasa
Selon RFI, des membres de la famille d’Armand Tungulu auraient déposé une plainte à Kinshasa contre l’État congolais. À Bruxelles, les proches de l’opposant mort en détention au début du mois démentent cette information et accusent les autorités congolaises de chercher à « brouiller les pistes ».
« La seule plainte valable est celle déposée ici, à Bruxelles », s’agace Henri Muke, le président du Haut Conseil pour la libération du Congo, une plateforme d’associations congolaises dont faisait partie Armand Tungulu. Contacté lundi 25 octobre par jeuneafrique.com, il dément formellement l’information selon laquelle une autre action en justice, émanant cette fois de membres de la famille vivant à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), aurait été lancée ces jours-ci contre l’État congolais.
Armand Tungulu Mudiandambu est décédé en détention dans des conditions suspectes, après avoir jeté une pierre contre le cortège de Joseph Kabila le 29 septembre. Selon la thèse avancée par le cabinet du procureur général à Kinshasa, il se serait suicidé dans sa geôle de la garde républicaine en utilisant une taie d’oreiller – objet difficilement trouvable dans les prisons congolaises. Proche du mouvement Bana Congo radicalement opposé à Kabila et membre de l’association « Un euro pour sauver le Congo », il vivait en Belgique depuis plus de dix ans et était depuis peu de retour en RDC. Sa famille et des associations de défense des droits de l’homme refusent de croire qu’il s’est volontairement donné la mort.
« Insulte à la souveraineté » nationale
Saisi en urgence par la veuve et les enfants d’Armand Tungulu, le tribunal de première instance de Bruxelles a fait « injonction à l’État congolais de restituer la dépouille mortelle » et « de la faire rapatrier en Belgique ». Une ordonnance rejetée par le gouvernement congolais le 14 octobre dernier, qui estime qu’il s’agit d’une « insulte à la souveraineté » nationale.
Sur le site internet de RFI, on peut lire que la famille de Kinshasa se serait adressée à Me Willy Bolio pour réclamer que la reconnaissance du corps « se fasse en présence de la Monusco, la force des Nations unies présente en RDC ». Interviewé par la radio, ledit avocat explique que l’État est responsable de la sécurité de ses détenus, et indique que la famille ne croit pas à la thèse du suicide. L’article indique également que certains membres de la famille d’Armand Tungulu – « ses frères et sœurs, sa fille aînée de 18 ans » – sont présents en RDC.
Mais pour Henri Muke, il s’agit d’« une manœuvre des autorités » du pays, destinée à « faire perdre du temps ». De fait, à Bruxelles, aucun membre de la famille de Tungulu n’est au courant d’une quelconque procédure judiciaire en cours à Kinshasa. Pis, Henri Muke affirme qu’Armand Tunlungu n’avait même pas de fille en RDC. « Il a trois enfants, ils sont en Europe. On lui a inventé une deuxième femme la semaine dernière, puis maintenant c’est une fille ! Toutes ces rumeurs visent à jeter le discrédit sur cette affaire », soutient-il, juste après s’être entretenu avec la veuve de Tulungu.
Des proches « victimes d’intimidation »
« Nous venons de discuter au téléphone avec le père et le neveu d’Armand, qui se trouvent à Kinshasa. Un avocat s’est présenté à la famille la semaine dernière, mais ils ont refusé de lui parler. Depuis, ils sont victimes d’intimidations, la police est persuadée qu’Armand préparait quelque chose contre Kabila », résume-t-il.
Henri Muke avance une théorie pour expliquer ces informations contradictoires. Il estime que la multiplication des enquêtes et des recours judiciaires permettrait aux autorités congolaises de « truquer » l’identification du corps, en le faisant reconnaître par de « faux » membres de la famille du défunt pour précipiter son inhumation. En attendant que la lumière soit faite sur cette affaire, les proches d’Armand Tulungu restent actifs en Belgique. Ils attendent de l’État congolais qu’il revienne sur son refus de rapatrier le corps en Belgique, sans quoi ils promettent de poursuivre leurs actions de protestation publique.
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