Le 8e Forum mondial du développement durable se penche sur le lac Tchad

Faut-il remplir le lac Tchad ? Alors que la survie de 30 millions de riverains est menacée, cette question cruciale se trouve au cœur des débats du 8e Forum du développement durable, qui se tient du 29 au 31 octobre à N’Djamena.

Un paysan sur le lac Tchad le 8 décembre 2009. © AFP

Un paysan sur le lac Tchad le 8 décembre 2009. © AFP

Publié le 30 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Réunis à Ndjamena jusqu’au 31 octobre à la faveur du 8e Forum du développement durable, des dizaines de représentants du monde scientifique, économique et social ainsi que de nombreux chefs d’État et de gouvernement tentent d’apporter des solutions au problème de la disparition progressive du lac Tchad.

Emmanuel Nadingar, le Premier ministre du Tchad, a rappelé lors de la session d’ouverture du Forum, le 29 octobre, que « face à la désertification et faute de terres arables pour leurs cultures, leurs élevages et leur bétail, les populations n’auront guère d’autre choix que de migrer vers d’autres terres. » L’objectif des participants est donc de « travailler ensemble et de faire des propositions pour revigorer un trésor de l’humanité », a indiqué Emile H. Malet, délégué général du Forum.

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Débat animé autour du projet « Transaqua »

Autrefois surnommée « la mer intérieure de l’Afrique », le lac Tchad a vu sa superficie passer de 25 000 km2 en 1963 à 2 500 km2 en 2008. Les causes communément acceptées de cette catastrophe sont liées à l’avancée du désert, à la chute de la pluviométrie et au développement de l’irrigation.

Mais les avis des experts divergent quant aux phénomènes responsables de ces fluctuations. Et le projet de grande ampleur, « Transaqua » soulève un débat animé. Imaginé par le Cameroun, le Niger, le Nigeria, la République centrafricaine et le Tchad, réunis dans le cadre de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), celui-ci prévoit de creuser un canal de 1 350 km afin de détourner une partie du cours de l’Oubangui, via son affluent le Chari, pour alimenter le lac Tchad.

Le coût des travaux a été estimé l’année dernière à 19,6 milliards de F CFA (29,9 millions d’euros). Mais pour le moment, le projet peine à trouver l’intégralité des financements nécessaires. L’État tchadien compte sur le Forum pour convaincre des bailleurs potentiels d’y participer. Une réponse de ces derniers pourrait intervenir avant le sommet de Cancun sur le développement durable en décembre prochain.

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Evolution de la superficie du lac de 1963 à 2007.

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Solutions alternatives

Même si « Transaqua » apparaît aux yeux de certains comme la seule solution envisageable, d’autres experts travaillent à l’élaboration de solutions alternatives, comme le renforcement de l’agriculture de décrue. Par ailleurs, l’ONG Tchapé (Tchad agir pour l’environnement) a élaboré un vaste projet de reboisement. « Il est nécessaire d’avoir une gestion forestière digne de ce nom. Sans reboiser les frontières du Sahara, le transfert de l’eau serait inefficace, car l’avancée du désert est l’une des causes de la disparition du lac Tchad », explique Yaya Ali Abdoulaye, le président de la Tchapé.

Pour le moment, son projet n’a pas encore trouvé de financement mais il compte sur le Forum pour faire entendre sa voix. Les avis divergent donc sur les solutions à apporter mais se rejoignent tous sur un point : que la sauvegarde du lac Tchad devienne une priorité dans l’agenda international.

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