Deux faits divers tragiques entraînent des troubles sociaux à Sidi Bouzid

La région de la ville tunisienne de Sidi Bouzid (centre du pays) connait des troubles sociaux depuis vendredi dernier. Deux tentatives de suicide en public, ayant fait un mort et un blessé grave, ont déclenché la colère des habitants.

Un manifestant exprime sa colère devant la sous-préfecture de Sidi Bouzid. © Capture d’écran

Un manifestant exprime sa colère devant la sous-préfecture de Sidi Bouzid. © Capture d’écran

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 23 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

La petite ville de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, est en proie à des troubles sociaux d’une ampleur inhabituelle depuis près d’une semaine. Ceux-ci ont débuté vendredi 17 décembre après la tentative de s’immoler par le feu avec un bidon d’essence d’un homme, devant la sous-préfecture.

Mohamed Bouazizi, un jeune diplômé de 26 ans, venait de se voir confisquer les fruits et légumes dont il faisait le commerce, faute d’autre emploi. D’après l’Agence France presse, il s’agissait de la seule source de subsistance de sa famille. Selon les autorités tunisiennes, qui réagiront plus tard, le jeune homme exerçait « dans un lieu non autorisé » et refusait « de se conformer au règlement ».

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Dans un état critique

Celui-ci aurait commis ce geste désespéré après s’être vu interdire de rencontrer le préfet pour se plaindre, d’après l’AFP. Il a ensuite été transporté au service des grands brûlés dans un hôpital de la région de Tunis dans un état critique.

Rapidement, relate le quotidien français Libération, des dizaines de jeunes et de commerçants, choqués, se réunissent pour protester. Pendant le week-end, les rassemblements se poursuivent et dégénèrent : des agents des forces de l’ordre sont blessés, les manifestants sont dispersés avec des gaz lacrymogènes, et plusieurs d’entre eux sont interpelés. Trois d’entre eux étaient encore en détention jeudi à la mi-journée d’après la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

Le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale) s’appuie alors sur ces évènements pour dénoncer « l’injustice sociale » et le « fort mécontentement de la population ». En réponse, les autorités protestent contre « une instrumentalisation à des desseins politiques de ces troubles » dans un communiqué transmis à l’agence Associated Press. Selon elles, il ne s’agit que d’un incident isolé.

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Mais mercredi, un nouvel incident, mortel cette fois, se produit à Sidi Bouzid. Ce jour-là Houcine Neji, un autre jeune homme de 24 ans, commence à escalader un poteau électrique de la ville. Selon le syndicaliste Ali Zari, il a crié qu’il ne voulait « plus de misère, plus de chômage » devant une foule qui le suppliait de redescendre. C’est alors qu’il s’est électrocuté avec les câbles de 30 000 volts, tombant inerte, au pied du poteau.

Le décès du jeune homme a été confirmé par les autorités tunisiennes qui n’ont pas employé le mot suicide dans leur communiqué.

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Les troubles s’étendent

Alors que la situation semblait se calmer, ce deuxième incident tragique aurait remis le feu aux poudres. D’après le syndicaliste Mohamed Ben Fadhel, les troubles se seraient étendus aux localités voisines de Meknassy et surtout Menzel Bouzayane, où « les affrontements les plus violents » se seraient produits.

« Des centaines de manifestants ont complètement brûlé le siège de la délégation (sous-préfecture) avant de se diriger vers le poste de la garde nationale qu’ils ont assiégé », a-t-il déclaré à Associated Press.

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