Sidi Bouzid : la liste des suicidés s’allonge, les violences continuent
Troisième suicide en dix jours dans la région de Sidi Bouzid. Comme les autres, la victime est un jeune Tunisien diplômé et en proie à des difficultés sociales. Un drame qui n’est pas de nature à ramener le calme à Sidi Bouzid, en proie à des violences sociales depuis une semaine.
La troisième victime de la série de suicides qui frappe la région de Sidi Bouzid (centre de la Tunisie) s’appelle Lofti Guadri. Il avait 34 ans et s’est jeté dans un puits de la zone de Gdéra, à cinq kilomètres de la ville.
Comme les deux autres jeunes, dont l’un a réussi sa tentative de suicide, il éprouvait des difficultés à s’insérer socialement dans une région touchée par un fort chômage – à Sidi Bouzid il dépasse les 30 % chez les diplômés de l’enseignement supérieur (contre 13 % en moyenne dans l’ensemble de la Tunisie).
Mais les motifs de son geste sont moins clairs que ceux des deux précédents, qui avaient tenté de se donner la mort en public. Selon le syndicaliste Mongi Rnimi, c’est sa situation sociale difficile, après cinq ans passés au chômage, qui l’a poussé à se suicider.
« Problèmes psychologiques »
En revanche, pour Belgacem Guadri, un proche de la famille, « la victime souffrait de problèmes psychologiques, la raison pour laquelle il avait interrompu ses études depuis quelques années ». Lofti Guadri devait commencer à travailler début janvier, a-t-il précisé.
Le 17 décembre, un Tunisien de 26 ans s’était immolé par le feu avec de l’essence devant la préfecture, après que sa marchandise de fruits et légumes (qu’il vendait illégalement selon les autorités) a été confisquée par la police. Il avait été transféré dans le service grand brûlé d’un hôpital de la région de Tunis dans un état critique.
Le 22 décembre, un autre jeune Tunisien s’était mortellement électrocuté en escaladant un poteau électrique devant la foule, et en criant qu’il ne supportait plus la « misère » et le « chômage », d’après le dirigeant syndicaliste Ali Zari.
Violentes manifestations
Ces deux gestes avaient déclenché de violentes manifestations de protestation à Sidi Bouzid, faisant un mort lors d’affrontements avec la police vendredi.
Selon des syndicalistes, d’autres cortèges de soutien aux habitants de Sidi Bouzid se sont rassemblés dans plusieurs villes de la Tunisie (Menzel Bouzayane, Regueb, Souk Jedid, Ben Guerdane, Kairouan, Mednine, Sfax et Bizerte) pendant le week-end.
Dans la région de Sidi Bouzid, de nouveaux affrontements violents ont même eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, faisant un blessé par balle et des dégâts matériels importants, a-t-on appris de sources syndicales. Selon Mongi Rnimi, syndicaliste et témoin oculaire, des centaines de Tunisiens ont participé à une manifestation dans la ville de Souk Jedid, à 15 km au sud de Sidi Bouzid. Des hommes de la garde nationale ont procédé à des tirs de sommation pour disperser les manifestants qui ont encerclé le poste de la garde et mis le feu à la sous-préfecture de cette ville de plus de 19 000 habitants, a-t-il ajouté. Un des gardes nationaux a été touché par erreur à la cuisse par balles, a affirmé M. Rnimi.
Parallèlement, durant la même nuit, des affrontements violents ont opposé environ 2 000 manifestants à la police durant plus de six heures, de 20H30 à 02H00 heures (19H30 à 01H00 GMT) dans la ville de Regueb à 37 km au sud-est de Sidi Bouzid, provoquant des dégâts matériels importants, a affirmé le syndicaliste Kamel Abidi. (avec AFP)
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