Ben Ali fuit la Tunisie, Mohamed Ghannouchi prend le pouvoir

Sous la pression de l’armée, le président Ben Ali s’est enfui de Tunisie, en avion, et est arrivé à Jeddah vers 00h30. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi assure l’intérim du pouvoir. Le chef d’état-major des armées, le général Rachid Ammar, a rendu possible cette transition. Des consultations avec les partis politiques doivent débuter samedi en vue d’un gouvernement d’union nationale.

Officiellement, Ben Ali est dans l’incapacité d’exercer le pouvoir en Tunisie. © Sipa

Officiellement, Ben Ali est dans l’incapacité d’exercer le pouvoir en Tunisie. © Sipa

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 14 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est en fuite et est arrivé à Jeddah (Arabie saoudite) samedi vers 00h30 après avoir survolé Malte en dirction du Nord. Selon lemonde.fr, des proches de Ben Ali sont arrivés en France. Mais Paris ne souhaite pas accueillir l’ex-chef de l’Etat.

Plus tôt, l’armée avait décrété l’état d’urgence et le couvre-feu (17 heures-7 heures du matin). Ben Ali a finalement jeté l’éponge après plus d’un mois d’émeutes – du jamais vu en Tunisie – durement réprimées. Un bilan provisoire, dressé par la FIDH, fait état d’au moins 66 morts, selon une liste nominative. Des victimes auxquelles il faut rajouter les 13 personnes qui seraient décédées ce vendredi dans le grand Tunis, selon des sources hospitalières.

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C’est le chef d’état-major des armées, le général Rachid Ammmar, qui a rendu le basculement possible de manière pacifique. Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, prend l’intérim du gouvernement. Il a confirmé à 18 heures 45 dans une brève allocution sur la chaîne publique Tunis 7 que "le président Ben Ali était temporairement dans l’incapacité d’exercer le pouvoir". Une formule qui permet d’appliquer l’article 56 de la Constitution. Fouad Mbazaa, président de l’assemblée nationale, était le successeur constitutionnel. Mais, malade, il a refusé l’interim. Le deuxième personnage à pouvoir succéder à Ben Ali était Abdallah Kallel, le président de la chambre des conseillers (Sénat). Mais, lorsque il était ministre de l’Interieur, il fut impliqué dans certaines actions du régime qui ne le rendent pas vraiment populaire aux yeux des Tunisiens… D’où la solution Ghannouchi.
 

Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi assure l’intérim du pouvoir.

D.R.

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Par ailleurs, c’est toujours l’incertitude en ce qui concerne la famille du gendre de Ben Ali, Belhassen Trabelsi, qui a tenté de fuir la Tunisie. Elle a voulu prendre un avion à destination de Lyon, en France mais un commandant de bord de Tunisair aurait refusé de les embarquer. On les annonce finalement partis à Dubaï, sans que cette information puisse être confirmée. Des centaines de pilleurs s’en sont pris aux nombreux domiciles de cette famille richissime. Par ailleurs, le parti au pouvoir, le Rassemblement Constitutionnel démocratique (RCD) ne cesse d’enregistrer des défections de la part de ses militants mais aussi de nombreux cadres.

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Le général Rachid Ammar, garant de la transition

© Otan

Deux opposants pour un gouvernement d’union nationale

Dans la soirée, deux dirigeants de l’opposition tunisienne se sont dit prêts à collaborer avec Ghannouchi. Mustapha Ben Jaafar, d’abord, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, légal). « Ce qui s’est produit est un habillage qui, à la limite, me convient », a-t-il dit, ajoutant avoir proposé « un comité national de sortie de crise qui peut déboucher sur un gouvernement d’union nationale ».

Néjib Chebbi, ensuite, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, légal), qui évoqué « un habillage constitutionnel pour un changement politique qui n’est pas parfait. (…) Ghannouchi doit faire en sorte que le gouvernement doit être représentatif de toutes les composantes et préparer des élections présidentielle et législatives libres et démocratiques, supervisées par des observateurs internationaux. (…) « Il faut un exécutif de transition pluriel dans sa composition », a-t-il estimé, ajoutant avoir rencontré jeudi Ghannouchi et « trouvé un homme ouvert et courtois ». « On prend acte de ce changement et on attend de voir la dynamique qui va s’engager à partir de là », a-t-il expliqué, estimant que « Ben Ali Ali est parti pour éviter un bain de sang ».

Dans un communiqué, le président par intérim a annoncé le lancement dès « samedi de consultations avec tous les partis et les partenaires sociaux sur les moyens de sortir de la situation actuelle du pays et sur les réformes politiques à venir. (…) Dans un second temps, les consultations incluraient la société civile, les sensibilités intellectuelles et des personnalités nationales », a-t-il ajouté.

Un troisième opposant Hamma Hammami, a estimé quant à lui qu’il y a eu violation de la Constitution. Ben Ali « n’a pas le droit de désigner son successeur, la victoire du peuple ne doit pas être spoliée, l’opposition doit s’unir pour un changement démocratique qui réponde aux aspirations du peuple », a déclaré le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit) juste après sa libération après trois jours de détention. Sur Facebook également, de nombreux Tunisiens contestent déjà le président par intérim, certains voyant en lui « le projet d’un nouveau dictateur ».

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