Tunisie : grand ménage ou chasse aux sorcières ?

Du gouvernement au monde économique, tout ce qui a un jour touché au président déchu Zine el-Abidine Ben Ali semble devoir disparaître. Au point que ses anciens proches ont annoncé leur démission de son parti-État, le RCD, qui ressemble de plus en plus à une coquille vide.

Manifestants le 14 janvier 2011 devant le ministère de l’Intérieur, à Tunis. © AFP

Manifestants le 14 janvier 2011 devant le ministère de l’Intérieur, à Tunis. © AFP

Publié le 18 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

L’accalmie de la rue tunisienne, tant de fois annoncée et espérée par les nouvelles autorités depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, n’est pas pour tout de suite.

À peine formé, le nouveau gouvernement dit d’union nationale est déjà extrêmement fragilisé. Trois membres issus de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, principal syndicat), Abdeljelil Bedoui, Houssine Dimassi et Anouar Ben Gueddour, ont démissionné moins de vingt-quatre heures après avoir été nommés.

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Plusieurs partis d’opposition, dont Ettajdid (Renouveau) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT), menacent de les imiter tant que des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti du président déchu Ben Ali) feront partie de l’équipe gouvernementale.

Démissions au RCD

Le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, est en effet resté en poste après la chute de Ben Ali et le nouveau gouvernement qu’il a nommé est composé de six membres issus du RCD, dont le ministre de l’Intérieur, Ahmed Friaa, celui des Finances, Ridha Chelghoum, et celui de la Défense, Ridha Grira.

Dans la rue, au « Ben Ali dégage ! » a donc succédé le slogan « RCD dégage ! ». Dans plusieurs villes, mardi, des milliers de manifestants ont réclamé la démission de tous les ministres ayant appartenu au parti présidentiel.

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À Tunis, ils ont été violemment dispersés, la police utilisant gaz lacrymogènes et matraques, rappelant les dernières heures de la semaine dernière.

Comme pour esquiver leurs revendications, le président tunisien par intérim Foued Mebazaa et le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, ont démissionné du RCD mardi soir, tandis que l’ancien président, Zine el-Abidine Ben Ali, a été radié.

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Il semble toutefois peu probable que cela suffise à calmer la rue. Et pourtant, les tentacules du RCD ont plongé si longtemps et profondément dans l’appareil d’État tunisien qu’il est quasiment impossible aujourd’hui de trouver des hommes d’expérience qui n’ont pas appartenu au parti.

Remous dans le monde des affaires

Mais l’hostilité au RCD ne s’arrête pas aux frontières du monde politique. Mardi, deux cent chefs d’entreprise ont ainsi réclamé la démission de Hédi Jilani, le président du syndicat patronal tunisien dont la fille est l’épouse de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali. Arguant que la Tunisie avait d’autres priorités en ce moment, il a refusé de s’exécuter.

Le PDG de la Société tunisienne d’assurance et de réassurance (Star), Abdelkarim Merdassi, et celle de la Banque de Tunisie, Alia Abdallah, n’ont en revanche pas résisté à la pression de leurs salariés.

Autre demande, urgente, des manifestants : faire la lumière sur les montants détournés par le couple présidentiel et leur famille ainsi que sur le sort des militants arrêtés.

Après avoir été mise sous pression pendant tant d’années, la cocotte minute tunisienne ne semble pas près de refroidir.

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