Tunisie : Morjane démissionne du gouvernement, l’UGTT refuse d’y entrer

Alors qu’on attend la composition du nouveau gouvernement dans la soirée, on sait désormais que le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, démissionnaire, n’en fera pas partie. Pas plus que la centrale syndicale UGTT, qui préfère rester dans l’opposition.

Kamel Morjane est souvent accusé d’être trop proche des Américains. © Asmaa Waguih / Reuters

Kamel Morjane est souvent accusé d’être trop proche des Américains. © Asmaa Waguih / Reuters

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 27 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Une source officielle l’affirme, ainsi que l’agence officielle TAP : le ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane a démissionné du gouvernement, alors qu’on attendait dans la soirée l’annonce d’un remaniement. « Eu égard à l’intérêt de la Tunisie et en soutien à l’action du gouvernement d’union nationale pour conduire le pays vers un avenir stable et pour que la révolution populaire vécue par notre pays porte ses fruits et réalise les aspirations de notre peuple à la liberté, la fierté et la dignité, j’ai décidé de renoncer à mes fonctions de ministre des Affaires étrangères tout en souhaitant le succès à ceux qui vont faire partie du gouvernement dans la période de transition au service de la Tunisie », a indiqué M. Morjane à la TAP.

Issu de l’ancien régime de Ben Ali, ce diplomate bardé de diplômes américains avait rejoint le gouvernement en 2005, à la Défense, avant d’être nommé aux Affaires étrangères où il a été reconduit dans le gouvernement de transition. Il avait auparavant fait toute sa carrière au sein des Nations unies et avait notamment été numéro deux du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR). Âgé de 69 ans, il était souvent présenté comme le candidat de Washington pour succéder à Ben Ali.

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« Non au vol de la révolution »

Des milliers de manifestants, qui exigent chaque jour le départ du gouvernement des sept ministres issus du régime de Ben Ali, n’ont pas hésité à le qualifier d’« agent des Américains ». La mobilisation a d’ailleurs été encore très forte, jeudi, à l’appel de la puissante centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), notamment dans la ville berceau de la révolution tunisienne, Sidi Bouzid.

« Non au vol de la révolution ! », scandaient les manifestants, dont le long cortège s’est d’abord arrêté devant le palais de justice, sur le mur duquel était inscrit : « La révolution appartient au peuple et non aux partis d’opposition qui ont fait allégeance aux chiens du RCD » [Rassemblement constitutionnel démocratique, parti au pouvoir sous Ben Ali, NDLR].

Hommage aux martyrs

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Puis les manifestants ont marqué une autre pause face au gouvernorat (préfecture), à l’endroit où Mohamed Bouzazizi s’était immolé par le feu le 17 décembre, provoquant les premières émeutes. Ils ont déployé une photo géante de leur « martyr » sur le toit du bâtiment officiel, tandis que d’autres criaient : « Allah Akbar ! Nous resterons fidèle au sang des martyrs ».

Très critique à l’égard du gouvernement, l’UGTT n’a cependant pas souhaité participer au gouvernement en gestation. Le syndicat « ne sera pas représenté au gouvernement » attendu dans la soirée de jeudi, a dit un membre de son bureau exécutif, Mohamed Saad, à l’issue d’une longue réunion des instances dirigeantes de la centrale dans la banlieue de Tunis. « Nous voulons rester en tant que syndicat comme une sorte de contre-pouvoir mais nous donnerons bien entendu notre avis sur la composition du gouvernement », a-t-il ajouté. (Avec AFP)

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