Les résultats du premier sondage d’opinion tunisien

Dans le sillage de la révolution tunisienne, le cabinet Sigma conseil a organisé le premier sondage d’opinion du pays. Les résultats mettent notamment en évidence le manque de notoriété des partis et des hommes politiques alors que les élections présidentielle et législatives doivent se dérouler dans six mois.

Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, avec quatre de ses ministres. © AFP

Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, avec quatre de ses ministres. © AFP

Julien_Clemencot

Publié le 5 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Donner son avis. La chose est encore nouvelle pour les Tunisiens. Mais désormais personne ne craint plus la répression du pouvoir et chaque occasion est bonne pour partager ses idées. « Nous sommes des muets à qui on aurait rendu la parole », expliquent les intéressés.

Il n’en fallait pas plus pour que le cabinet Sigma conseil organise, entre le 1er et le 3 février dernier, le premier sondage d’opinion du pays. Une cinquantaine de questions portant notamment sur la révolution et la politique. La méthode utilisée : « une enquête par téléphone réalisée sur un échantillon de 1250 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population tunisienne », détaille Hassen Zargouni, directeur général du cabinet Sigma conseil.

la suite après cette publicité

Hommage à l’armée et à la jeunesse

Concernant les meneurs de la révolution tout d’abord, les personnes interrogées attribuent à une écrasante majorité (96%) un rôle majeur à la jeunesse. Suivent les pauvres (87,3%) et les chômeurs (85,3%). A l’inverse, le syndicat de salariés Union générale tunisienne du travail (UGTT) a été un acteur décisif des événements pour moins de la moitié du panel (46,7 %). L’armée obtient une grosse cote de confiance : 87,7 % des répondants estiment qu’elle doit rester en charge de la sécurité pour plusieurs semaines et 79,1% lui font plus confiance qu’à la police pour cette mission.

Les résultats du sondage permettent aussi une première approche des sensibilités politiques des Tunisiens. Après des débuts catastrophiques, le gouvernement de transition paraît ainsi peu à peu trouver le bon mode d’expression. Plus de 61% des personnes interrogées estiment qu’il communique bien et 53,5 % qu’il le fait de manière transparente. Son audience populaire s’est notamment améliorée après le discours en arabe dialectal de Farhat Rajhi, le ministre de l’Intérieur, au début de la semaine.

Des partis politiques peu connus

la suite après cette publicité

Par ailleurs, cette photographie de l’opinion permet de constater que les formations politiques manquent de notoriété. Et qu’un important travail de communication s’impose dans la perspective des élections prévues après la période de transition.

À la question « quels partis connaissez vous en Tunisie ? » 46,4 % du panel répond « ne sait pas ». Seuls 3 partis dépassent les 20 % de notoriété spontanée : le parti de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, 27 %), le parti islamiste Ennahdha (25,8 %) et le Parti démocratique progressiste (PDP, ancienne opposition, 24,7 %).

la suite après cette publicité

Faible confiance en Rached Ghannouchi

Faute de bien connaître le paysage politique, les Tunisiens accordent leur confiance aux hommes qui sont actuellement aux commandes du pays. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, cité par 20,9 % des personnes interrogées arrive en tête, suivi par le héros de la révolution, le général Rachid Ammar (13,6 %). Puis, on trouve l’ancien opposant du PDP Ahmed Néjib Chebbi (13,5 %) désormais ministre du Développement régional et local, et l’ancien magistrat Farhat Rajhi (11,8 %), devenu ministre de l’Intérieur. L’islamiste Rached Ghannouchi occupe lui la sixième position, mais son score est bas : moins de 4% des personnes interrogées disent lui faire confiance.

Enfin, le sondage ne permet pas de répondre à la question qui va être pour de longs mois au centre de tous les intérêts : qui est en pôle position pour la prochaine élection présidentielle ? En effet, près d’un citoyen sur quatre (73,5 %) ne sait pas qui il souhaiterait voir à la tête du pays à l’issue de la période de transition. Seul Ahmed Néjib Chebbi se détache légèrement, avec 8 % des suffrages, devant Rachid Ammar (4,4 %) et Mohamed Ghannouchi (3,7 %). Quant au leader islamiste, Rached Ghannouchi, il ne satisferait que 1,9 % des Tunisiens.

Les résultats complets du sondage (document PDF). Attention : page 26, il y a erreur sur le logo représentant le PCOT.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires