Moncef Marzouki : « En Tunisie, on a fait la moitié du chemin »

Une des images les plus fortes de la révolution tunisienne aura sans doute été l’arrivée de l’opposant Moncef Marzouki à l’aéroport de Tunis-Carthage, après plusieurs années d’exil en France. Encore sous l’effet de l’euphorie, il raconte à jeuneafrique.com son retour, ses projets et esquisse un état des lieux de la Tunisie révolutionnaire. Interview.

Moncef Marzouki a annoncé sa candidature à la présidentielle tunisienne. © AFP

Moncef Marzouki a annoncé sa candidature à la présidentielle tunisienne. © AFP

Publié le 15 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Quel est votre sentiment après votre retour en Tunisie ?

Moi, le réfugié politique, celui qui n’avait ni moyens ni argent, je suis rentré triomphalement dans mon pays alors qu’eux, les puissants, les indéboulonnables l’ont quitté. C’est une belle leçon de moralité ; à savoir qu’en politique aussi, le bien fini par triompher du mal. C’est un sentiment de bonheur et de revanche que je ressens aujourd’hui. Je suis déterminé à travailler avec mon peuple pour que nous n’ayons plus jamais d’individus comme Ben Ali au pouvoir et que nous puissions protéger les générations futures contre de tels individus.

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Qu’avez-vous fait dès votre arrivée ?

D’abord, j’ai entrepris une tournée sur la route de la révolution. Je suis passé par les villages de Thala, Kasserine et Sidi Bouzid. Là où la révolution a fait des morts. Ça a été ma première rencontre avec le peuple et maintenant nous allons travailler de façon organisée sur la mise en place des structures du parti [Congrès pour la République, CPR] pour ensuite, commencer à présenter notre programme.

Comment se porte le pays aujourd’hui ?

Nous sommes débarrassés du dictateur mais pas de la dictature. Nous avons fait la moitié du chemin et nous allons entreprendre la suite, c’est-à-dire, liquider les restes de la dictature, les sbires de l’appareil politique du RCD. L’objectif aujourd’hui est d’organiser de vraies élections démocratiques. J’espère que nous y parviendrons dans les six mois. Nous verrons enfin la révolution s’achever et pourrons mettre en place des institutions dignes de ce pays.

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Les jeunes générations vous connaissent-elles ?

Les jeunes me connaissent. La preuve, ils m’arrêtent dans la rue. Grâce à Facebook, les jeunes ont fait un excellent travail et c’est justement sur eux que nous comptons pour relever la Tunisie des abysses où elle est tombée avec le criminel qu’est Ben Ali.

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Quel est votre projet et envisagez vous des alliances ?

Notre projet est de mettre en place un vrai gouvernement démocratique, de vraies institutions transparentes pour surveiller les biens publics, de ne plus autoriser la torture, la prédation et le pouvoir personnel.

Ce sont toutes ces dérives qui ont mené la Tunisie à sa ruine et à la révolution. Alors que pendant des années, on a raconté que c’était un pays stable et magnifique, la réalité est que la Tunisie est un pays en souffrance, en déliquescence et en révolte. Pour le moment, le grand parti d’opposition, c’est le peuple. C’est avec lui que nous travaillons. Les questions électorales et de stratégie viendront après.

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