Aux abois, Kadhafi accuse Al-Qaïda de piloter la révolte libyenne
L’insurrection libyenne continue son chemin. Après l’Est, c’est l’Ouest qui pourrait bientôt tomber aux mains des contestataires. Pendant ce temps, le colonel Kadhafi dénonce une mainmise d’Al-Qaïda sur la jeunesse libyenne. Et fait tirer sur les manifestants à Tripoli.
Mis à jour à 14h10
L’Est de la Libye n’est déjà plus sous l’autorité du pouvoir en place depuis que les insurgés en ont pris le contrôle, au grand dam du colonel Kadhafi. Et la vague révolutionnaire menace désormais l’ouest du pays ainsi que la capitale Tripoli. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les forces de l’ordre libyennes ont tiré sur des manifestants à la sortie de la prière du vendredi, selon des témoins. Il y auraient plusieurs morts. « Les forces de l’ordre ont tiré sur des manifestants sans distinction. Il y a des morts dans les rues de Soug Al Jomaa », a indiqué un habitant de ce quartier. Dans d’autres quartiers de la banlieue est, comme Ben Achour et Fachloum, d’autres témoins ont également signalé des « tirs nourris sur tous ceux qui se trouvent dans la rue ».
Dans une allocution radiodiffusée, jeudi 24 février, Mouammar Kadhafi a taxé les contestataires de « drogués », estimant qu’ils étaient à la solde d’Al-Qaïda. « Ces gens n’ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden », a-t-il affirmé. Comme mardi, lors d’un discours à la télévision libyenne, il a de nouveau appelé les habitants à pourchasser les insurgés et les arrêter pour qu’ils soient traduis en justice.
Il s’adressait particulièrement aux habitants de la ville de Zawiyah, située à 60 km à l’ouest de Tripoli, sujette à de graves violences. Des « terroristes » y ont égorgé plusieurs soldats, selon l’agence officielle Jana, alors que selon le journal libyen Quryna 23 personnes ont été tuées et plus de 44 blessées dans l’assaut des forces de sécurité contre cette ville.
Propagation de la contestation
Benghazi (est), point de départ de la colère populaire, est devenu le quartier général des insoumis. Près d’un millier de manifestants s’y sont rassemblés devant le tribunal local, tandis que certains campaient dans les environs.
La ville d’Al-Baïda (également à l’est), fortement touchée ces derniers jours par les violences qui ont opposé les manifestants et les mercenaires pro-Kadhafi, est elle aussi aux mains des insurgés. « Ils nous ont ordonné d’attaquer le peuple et j’ai refusé », a expliqué le général Abdel Aziz al-Busta qui a fait défection comme une dizaine d’autres hauts gradés.
Les protestataires semblent déterminés à faire tomber le régime coûte que coûte. Le général Al-Busta a même évoqué la possibilité d’une marche sur Tripoli. La progression des manifestants semblent donc ne plus s’arrêter, dix jours après le début du soulèvement.
Objectif Tripoli
« Notre objectif est Tripoli, si Tripoli n’arrive pas à se libérer par lui-même », a d’ailleurs confirmé un autre officier d’Al-Baïda.
Certains témoins libyens qui se sont exilés en Tunisie ces derniers jours ont indiqué que l’étau se resserrait en effet autour de la capitale. Zouara, à une centaine de kilomètres de Tripoli, a été « désertée par la police et les militaires », alors que l’ouest du pays était jusqu’à présent épargné par les défections.
Selon d’autres informations encore non confirmées, des combats auraient éclaté à Musratah (à 150 km à l’est de Tripoli). Les partisans de Mouammar Kadhafi sont concentrés dans la capitale, où la milice de Khamis (un des fils de Kadhafi) disposerait notamment de 9 000 combattants, de chars et d’avions, selon des informations non confirmées fournies par des habitants anti-Kadhafi à Al-Baïda.
Le secrétaire général de la Ligue libyenne des droits de l’homme (LLDH), cité jeudi par l’agence des missionnaires italiens Misna, a affirmé de son côté que des membres des comités révolutionnaires avaient procédé mardi et mercredi à des exécutions sommaires dans des hôpitaux de la capitale. (avec AFP)
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