Rwanda : ces chefs rebelles qui auraient ordonné les « atrocités » des FDLR depuis l’Allemagne
Le chef de la rébellion hutue rwandaise des FDLR, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint, Straton Musoni, comparaissent devant la justice allemande depuis mercredi. Ils sont accusés d’avoir dirigé les « atrocités » commises par leurs troupes dans l’est de la RDC.
De l’Allemagne, où ils vivent depuis vingt ans, Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni se sentaient en sécurité pour diriger, à distance, leurs troupes des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Une rébellion féroce, en partie composée de génocidaires hutus rwandais, qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
"Palette d’atrocités"
Les deux accusés doivent maintenant répondre de leurs actes présumés, devant la justice allemande. Meurtres, viols, pillages, incendies, recrutement d’enfants-soldats, prises d’otages… Il aura fallu une heure à l’accusation pour lister les faits qui leur sont reprochés. « Il s’agit de toute la palette d’atrocités que l’on peut s’imaginer dans une guerre civile », a lancé le procureur fédéral Christian Ritscher devant tribunal de Stuttgart.
En tout, 26 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et 39 de crimes de guerre, commis par les FDLR entre 2008 et 2009 dans l’est de la RDC (le procureur a notamment cité les villes de Busurungi, Kipopo, Mianga, Butulonga et Malemo), ont été reconnus contre eux.
Selon l’accusation, Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni ont « ordonné et coordonné » les exactions depuis l’Allemagne « par le biais de communications téléphoniques, e-mails, via des pages internet et des émissions de radio ».
"Compétence universelle" allemande
Contrairement à la justice française, qui avait remis Callixte Mbarushimana, un autre responsable des FDLR, à la Cour pénale internationale (CPI) pour le juger, les magistrats allemands sont compétents pour juger ce type de crimes, même si aucun citoyen allemand n’y est impliqué. Le principe de la « compétence universelle » de la justice allemande pour les crimes violant le droit international a été introduit en 2002.
Berlin a été félicité pour l’ouverture de ce procès par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon – pour qui le procès peut contribuer à stabiliser l’Est de la RDC – et l’ONG Human Rights Watch, qui estime que l’audience « clôt un chapitre d’inaction ».
Ignace Murwanashyaka avait en effet été arrêté une première fois en 2006, puis relâché. En 2008, l’Allemagne avait refusé une extradition réclamée par le Rwanda, avant qu’il ne soit finalement arrêté pour être jugé en novembre 2009.
Plusieurs membres de la diaspora rwandaise ont assisté au début du procès. « C’est grave. Je suis déçu. Musoni était un ami autrefois », a ainsi confié Diomede Baransegeta, 51 ans, ancien camarade d’études de Musoni à Stuttgart.
Les deux accusés, qui n’ont fait aucune déclaration au cours du premier jour de ce procès, encourent la réclusion à perpétuité. (avec AFP)
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