Libye : les hélicoptères franco-britanniques en action, William Hague à Benghazi
Paris et Londres ont déployé samedi pour la première fois en Libye des hélicoptères de combat contre les forces de Mouammar Kadhafi, tandis que le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s’est rendu à Benghazi pour soutenir la rébellion.
En fin d’après-midi, plusieurs explosions ont retenti à Tripoli et dans sa banlieue Est, selon un journaliste de l’AFP et des témoins dans la capitale libyenne cible de raids intensifs de l’Otan depuis deux semaines.
Dans la nuit de samedi à dmanche quatres nouvelles détonations ont secoué la capitale libyenne vers 2H30 (00H30 GMT), selon un journaliste de l’AFP. Il n’était pas possible dans l’immédiat de déterminer les sites visés.
Une semaine après l’annonce par Londres d’une "deuxième phase" des frappes de l’Otan, et alors que le conflit s’enlise plus de deux mois après le début de l’intervention internationale, des hélicoptères ont conduit des frappes nocturnes au sol contre des équipements des forces pro-Kadhafi, selon l’Otan.
Apache, Tigre et Gazelle
Des hélicoptères britanniques Apache, partis du porte-hélicoptères HMS Ocean au large de la Libye, ont frappé une installation radar et un poste de contrôle militaire situés près de Brega (est).
En parallèle, des hélicoptères français Tigre et Gazelle ont décollé du bâtiment BPC Tonnerre pour détruire "une vingtaine d’objectifs, dont une quinzaine de véhicules militaires, notamment des pick-up armés", a indiqué l’état-major français.
Plus flexibles, mieux adaptés pour repérer les troupes et leurs équipements souvent cachés dans des zones habitées, plus précis que les avions volant à haute altitude, les hélicoptères seront encore utilisés "quand et où ce sera nécessaire", a prévenu le général Charles Bouchard, commandant en chef de l’opération de l’Otan.
Un hélicoptère Gazelle sur le pont du Tonerre , au large des côtes libyennes, le 4 juin 2011.
© AFP
Répliques libyennes
Avec ces appareils, l’Otan s’expose cependant un peu plus. L’état-major français a ainsi reconnu que plusieurs hélicoptères avaient dû riposter à des tirs d’armes légères au sol, mais qu’aucun n’avait été touché.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déploré que "consciemment ou inconsciemment", l’intervention de l’Alliance atlantique "dérape vers une opération terrestre", même si les membres de la coalition internationale se sont fermement engagés à ne pas envoyer de troupes au sol.
En Algérie, le Front de libération nationale (FLN), membre de l’alliance présidentielle, a dénoncé samedi "l’ingérence étrangère en Libye" et redouté que l’intervention de l’Otan ne devienne "un épisode d’une longue série".
En revanche, Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles libyens, s’est félicité de l’engagement des hélicoptères, saluant "toute action qui puisse précipiter la fin du régime de Kadhafi".
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague (C) place de la Révolution, le 4 juin 2011 à Benghazi .
© AFP
Hague : "Montrer notre soutien au peuple libyen"
Sur le front diplomatique, la rébellion a marqué un nouveau point avec la visite de William Hague à Benghazi, sa "capitale" dans l’Est. "Nous voulons montrer notre soutien au peuple libyen et au CNT, le représentant légitime du peuple libyen", a-t-il déclaré avant son départ de Londres. "Aussi longtemps que Kadhafi continuera à commettre des abus contre son peuple, nous poursuivrons et intensifierons nos efforts pour l’arrêter".
A son arrivée, M. Hague s’est rendu place de la Révolution, lieu symbolique de la révolte sur le front de mer. Des femmes lui ont présenté des portraits de leurs fils tués par les forces pro-Kadhafi, tandis que des manifestants criaient "Libye libre" et "Kadhafi va-t’en".
M. Hague a ensuite rendu visite à un centre médical de Benghazi et s’est entretenu avec M. Abdeljalil, qu’il avait déjà reçu à Londres.
Combats au sud-ouest de Tripoli
Ces derniers jours, les rebelles avaient réussi en outre à entrer en contact avec l’ambassadeur de Chine à Doha, alors qu’un émissaire russe est attendu lundi à Benghazi.
Sur le terrain, les combats se sont poursuivis ces derniers jours dans les montagnes berbères au sud-ouest de Tripoli, où les pro-Kadhafi tentent de couper les routes et parfois de reprendre les localités qui ont pour la plupart rejoint la rébellion.
Selon un rebelle originaire de Yefren, une localité disputée à 130 km au sud-ouest de la capitale, les rebelles ont repris le contrôle du centre-ville et d’une partie de la route en direction de la frontière tunisienne.
Depuis le début le 15 février de l’insurrection en Libye, entre "10.000 et 15.000" personnes sont mortes 890.000 ont pris la fuite, selon l’ONU.
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